Télécoms : MTN résiste malgré les pressions et affine ses priorités
Malgré ses différends avec les autorités nigérianes, ougandaises et béninoises, la compagnie de télécoms sud-africaine MTN fait un bilan positif de son année 2018, tout en annonçant son ambition de réaliser des économies en cédant 1,2 milliard d’euros d’actifs au cours de trois prochaines années, sur des secteurs jugés non stratégiques (Botswana, e-commerce, tours de télécommunication).
Le groupe de télécommunication Sud-Africain MTN vient de présenter ses résultats pour l’année 2018. Des performance que Rob Shuter, PDG de l’entreprise, qualifie de « très encourageantes », dans la lignée des résultats de 2017.
Avec 233 millions d’utilisateurs (17 millions de plus qu’en 2017), MTN est présent dans 22 pays d’Afrique et du Moyen-Orient. La compagnie fondée en 1994 affiche une augmentation de 10,7 % de ses revenus d’activité par rapport à 2017. Ses revenus ont ainsi atteint 134 milliards de rands au 31 décembre 2018 (8,36 milliards d’euros), contre 132 milliards de rands en 2017, pour des bénéfices avant impôts de 3 milliards d’euros en 2018, contre 2,9 milliards d’euros en 2017.
Départ du Botswana
Une revue d’actifs lui a permis d’identifier des cessions dans deux secteurs qu’il juge désormais non-stratégiques : le e-commerce et les tours de télécommunication. MTN prévoit d’ores et déjà la vente d’actifs valorisés à 900 millions d’euros au cours des trois prochaines années dans ces deux domaines. Parmi les opérations prévues, il devrait profiter de l’introduction à la bourse de New-York du site de e-commerce Jumia, prévue courant 2019, pour vendre ses 40 % parts dans la société.
MTN annonce aussi la cession de ses parts de l’opérateur botswanais Mascom, dont elle détenait 53%, pour un montant de 262 millions d’euros, au groupe zimbabwéen Econet.
Les questions réglementaires […], principaux points d’intérêt du groupe
Les bons chiffres 2018 ont été portés par une croissance de 23 % de l’activité au Ghana (qui représente 8 % des revenus du groupe), de 17,2 % au Nigeria (28,2 % des revenus), malgré des différends notamment avec les autorités, et de 4,2 % en Afrique du Sud (33,2 % des revenus). Outre ses déboires à Abuja, l’opérateur a en revanche connu des difficultés en Ouganda, et au Bénin.
>>> À LIRE : Nigeria : MTN sommé de rapatrier 8,13 milliards de dollars « sortis illégalement du pays »
À ce propos, Rob Shuter souligne que « la gestion des questions réglementaires, l’amélioration des relations et de la gestion des risques sont parmi les principaux points d’intérêt du groupe, et nous continuerons de renforcer nos efforts en ce sens »
Introduction au Nigerian Stock Exchange au 1er semestre 2019 ?
Leader du marché nigérian avec 40,5 % des parts de marché, MTN avait dû verser 49 millions d’euros de pénalités aux autorités nationales, pour résoudre un différend portant sur ses rapatriements de fonds entre 2007 et 2015. Pour régler une autre affaire remontant à 2015, MTN s’était précédemment engagé à s’introduire au Nigerian Stock Exchange courant 2016. Cette introduction n’est toujours pas faite, mais dans son rapport d’activité, le groupe annonce qu’il envisage cette introduction pour le premier semestre 2019. « Nous cherchons a simplifier la structure du capital avec l’introduction en bourse » prévient le groupe.
Pour la filiale MTN Ouganda, malgré l’expulsion de quatre cadres dirigeants du groupe depuis le début de l’année pour des raisons de « sécurité nationale », notamment du directeur belge Wim Vanhelleputte qui a saisi la Haute Cour de Kampala pour contester son expulsion qu’il juge « illégale et irrationnelle », le rapport ne présente aucun commentaire particulier concernant ses activités ougandaises. Il précise simplement que le groupe « collabore étroitement avec les autorités au sujet des évolutions récentes du marché », l’objectif étant de trouver un accord pour le renouvellement de sa licence d’exploitation.
Pas d’annonce en revanche sur l’introduction souhaitée par le président ougandais Yoweri Museveni, de MTN sur marché boursier local. La probable rencontre entre Yoweri Museveni et Rob Shuter les 12 et 13 mars prochains au sommet Africa Now de Kampala sera peut-être l’occasion d’une mise au point des deux entités concernant leurs projets et attentes respectifs.
Coopération avec le géant Huawei
Au Bénin, les autorités ont accusé le groupe du non-versement de 200 millions d’euros de redevance en novembre 2017. Elles avaient ainsi décidé de l’expulsion du directeur de la filiale avant de faire marche arrière en mai 2018. Mais l’activité du groupe, leader du marché locale, a finalement été préservée. Un protocole d’entente a été conclu en avril 2018, assurant « l’extension de la licence d’exploitation du groupe pour cinq ans et l’ajout du service de fibre optique » moyennant le versement de 100 millions d’euros entre mai 2018 et février 2019.
Concernant l’offre supplémentaire de services du groupe, Rob Shuter annonce que « les activités clés pour 2019 seront le lancement d’une plateforme de musique en streaming, d’une application de messagerie instantanée et l’extension de MTN mobile money de 14 à 18 pays, avec son lancement en Afrique du Sud, au Nigeria, en Afghanistan et au Soudan. »
En vue d’une amélioration de ses services, le groupe sud-africain a annoncé le 6 mars 2019 la signature d’un protocole de coopération et d’innovation avec le géant des télécoms chinois Huawei.
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