Cameroun : le tribunal rejette la demande de mise en liberté provisoire de Maurice Kamto

Le président du tribunal de première instance de Yaoundé a déclaré irrecevable la requête du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et ses coaccusés. Les avocats de la défense entendent faire appel de cette décision.

Maurice Kamto, leader du MRC, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun. © Jacques Torregano pour JA

Maurice Kamto, leader du MRC, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun. © Jacques Torregano pour JA

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 7 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

Maurice Kamto et ses alliés politiques devraient rester en prison tout au long de leur procès. Leur demande de liberté provisoire a été rejetée jeudi 7 mars par Georges Théophile Timba, le président du tribunal de première instance de Yaoundé. Selon ce dernier, les droits de Maurice Kamto et ses coaccusés – interpellés dans le cadre des marches blanches du 26 janvier dernier – n’ont pas été violés, contrairement aux affirmations de leurs avocats. Il a ainsi précisé que le mandat d’arrêt du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) figure bel et bien dans le dossier, pour justifier le caractère légal de son arrestation.

« C’est une déception, s’est offusqué Me Christopher Ndong, l’un des avocats de la défense. Nous maintenons que cette arrestation était illégale tout comme cette détention. Le ministère public qui était à l’audience n’avait aucun papier pour montrer la légalité évoquée par le président du tribunal. La décision a été rendue sur la base d’un document que nous n’avons pas vu. S’il existe, c’est qu’il a été fabriqué et introduit dans le dossier. Nous ferons appel, et si le verdict est identique, nous irons même auprès des instances internationales », a-t-il poursuivit.

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Pour Me Adil Sahban, avocat de Maurice Kamto, il s’agit d’une « tentative d’intimidation », ourdie par le pouvoir de Yaoundé. « Les autorités camerounaises n’ont à ce jour apporté aucun élément tangible étayant les accusations à l’encontre de Monsieur Maurice Kamto et des 131 manifestants arrêtés, et continuent à manifester un mépris flagrant des droits fondamentaux », a-t-il confié à Jeune Afrique.

Pressions internationales

Le maintien en détention de Maurice Kamto et ses coaccusés intervient alors que des voix dénonçant les procédures judiciaires engagées contre eux deviennent de plus en plus audibles. Dans une sortie rendue publique le 5 mars dernier, Federica Mogherini, la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la sécurité, a qualifié lesdites procédures de « disproportionnées », indiquant que cela contribuait à accroître « le malaise politique camerounais ».

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Federica Mogherini rejoignait ainsi le sous-secrétaire d’État américain en charge des affaires africaines Tibor Nagy qui, un jour plus tôt, appelait à la libération du principal opposant camerounais et de ses sympathisants. « Nous assistons à un mépris du droit qui place monsieur Paul Biya hors-la-loi, et isole de plus en plus ce dernier sur la scène internationale », a estimé l’avocat Adil Sahban, qui assure que des actions de lobbying sont d’ores et déjà menées sur le plan international pour faire libérer Maurice Kamto.

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À Yaoundé cependant, les autorités maintiennent que le sort du candidat arrivé deuxième à la présidentielle d’octobre 2018 repose dans les mains de la justice. « Le Cameroun est un État de droit, dont les lois et les règlements constituent le cadre normatif pour tous les partis politiques, y compris le MRC. Ils [Maurice Kamto et ses coaccusés, ndlr] répondent actuellement de leurs actes devant la justice, seule habilitée à confirmer ou non les charges retenues contre eux », a écrit le ministre de la Communication dans un communiqué de presse.

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