Courrier des lecteurs

Publié le 4 janvier 2008 Lecture : 11 minutes.

La pérennisation de Jeune Afrique
Félicitations à Béchir Ben Yahmed pour la décision qu’il a prise de se désengager de la direction de la rédaction de Jeune Afrique. Décision sage et courageuse, car il n’est jamais simple de laisser son bébé à d’autres personnes. L’histoire est pavée d’entreprises florissantes qui sont mortes parce que les créateurs n’en assumaient plus la direction ou simplement n’étaient plus de ce monde. J’ose espérer que l’équipe mise en place pour la relève sera à la hauteur, non pas intellectuellement elle l’est mais dans le management et la pérennisation de Jeune Afrique.
ARSÈNE BIKOUE, VALENTON, FRANCE

Longévité
Au soir de sa retraite bien méritée, BBY nous laisse un outil de qualité qui jouera longtemps encore son rôle incontournable pour l’éveil des consciences africaines. Je lui souhaite du bonheur et beaucoup de quiétude pour un futur fait de bonne santé et de longévité.
MAMADOU LY, SWANSEA, ROYAUME-UNI

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Rama Yade et le paillasson
On ne peut être qu’interpellé par les propos démesurés de Rama Yade sur Mouammar Kadhafi. Elle aurait dû se plier aux obligations de sa fonction. La Libye est un pays souverain, au cas où elle l’aurait oublié. Si elle souhaite occuper le devant de la scène, je lui suggère de pérorer sur d’autres pays souverains et leurs insidieuses ignominies. Car le « paillasson » a été foulé par des personnages bien plus répugnants!
KAMEL-DINE TALEB BENDIAB, ORAN, ALGÉRIE

Joujoux de mort
Quand j’entends Rama Yade, musulmane, s’exprimer avec courage pour dénoncer Kadhafi, je suis fière de cette Française. Quand j’entends Khadidja Attaf Khali dire au Pavillon Gabriel que les infirmières bulgares n’ont pas été torturées, je vous dis ma honte d’entendre de tels propos de la part d’une représentante des musulmans de France. J’ai travaillé trente ans en Tanzanie et, maintenant, je milite dans une association qui reçoit décemment des migrants, en suivant les lois du moment qui ne sont pas parfaites, loin s’en faut, mais cela n’a rien à voir avec ce qui se passe en Libye où les « sans-papiers » venant d’Afrique subsaharienne sont traités comme du bétail. Je trouve scandaleux de voir tous ces gens originaires d’Afrique faire le pitre devant ce drôle de personnage à qui on laisse faire tout ce qu’il veut pour qu’il nous achète les joujoux de mort que l’on sait.
GEORGES PAQUET, PARIS, FRANCE

Kadhafi est un homme d’État respecté
Je suis indigné par la déclaration de la secrétaire d’État française aux droits de l’homme, Rama Yade, lors de la visite de Mouammar Kadhafi en France. Contrairement à ce qu’elle pense, la politique, ce n’est pas la brutalité des mots. Kadhafi est un homme d’État respecté dans son pays et dans toute l’Afrique. S’il s’est mal comporté dans le passé, il est revenu dans le droit chemin. `La politique, c’est aussi les intérêts économiques entre les États. Si Rama Yade pense bien faire son travail, elle n’a qu’à s’en prendre d’abord à Bush, Poutine et autres qui méprisent les droits de l’homme en Irak et en Tchétchénie. Autre chose, Madame la secrétaire d’État: la culture africaine exige le respect des aînés. Or vous êtes née en Afrique. Cette règle devrait s’imposer à vous.
JEAN LÉONARD YOMBÉ, TOULOUSE, FRANCE

Pouvoir fantoche en Libye
La visite de Mouammar Kadhafi en France a déclenché bien des polémiques. Le gouvernement Fillon se serait évité plusieurs gifles s’il avait étudié au préalable le caractère imprévisible du personnage avant de l’avoir invité. Kadhafi est l’un des pires dictateurs africains, à la foisamnésique et schizophrène, même s’il a parfois de brefs moments de lucidité comme lorsqu’il évoquait la situation désastreuse de certains immigrés qui continuent de tirer le diable par la queue en France. Je ne doute pas de la sincérité d’un Nicolas Sarkozy ouvert et disposé à aider certains pays à se réconcilier avec leur passé et à les faire revenir sur la scène internationale, mais il a tort de croire que le « Guide » de la Jamahiriya a changé. Il serait préférable pour les Occidentaux, notamment les Français, donneurs de leçons de démocratie et des droits de l’homme, d’aider le peuple libyen pressuré et asphyxié à se débarrasser de ce pouvoir fantoche que de chercher à dompter une vipère. Que Rama Yade soit remerciée par tous les hommes épris de paix, de justice et de liberté.
MOUSSA GOUDIABY, RABAT, MAROC

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Agaçant Béchir Ben Yahmed!
Comme beaucoup de lecteurs de Jeune Afrique, j’ai appris le « départ » de BBY avec des sentiments qui en disent autant sur J.A. que sur nous-mêmes. Bien qu’étant plus jeune que votre journal, c’est une décision qui a surtout révélé à chacune et chacun d’entre nous, lecteurs, que le temps est passé vite, très vite. Sa longévité, confondue à celle de J.A., entreprise de presse parisienne et panafricaine, se passe de commentaires sur les qualités nécessaires pour tenir aussi longtemps. Bien entendu, personne ne pensera qu’il est un saint mais personne ne doutera de la force et de l’intelligence managériale qui l’ont guidé pendant toutes ces années. D’autres, beaucoup d’autres, aussi talentueux en matière d’investigation y ont échoué. Rien que cela mérite déjà le respect. Chapeau bas Monsieur Ben Yahmed! Le sujet sur lequel sa constance me frappe, le seul sujet dont l’enfant que je fus et l’adulte que je suis peut témoigner de sa fidélité à lui-même est la Palestine. Je ne suis pas certain d’être d’accord avec toutes ses analyses sur ce thème, mais je suis sûr d’une chose: sa plume sur ce sujet n’a pas pris une seule ride. Il y a quelques grands éditorialistes parisiens dont je ne pourrais malheureusement pas dire la même chose sur le même sujet. Pour un journal dédié à l’Afrique, je trouve cette préoccupation absolument remarquable et cette constance d’une grande dignité. BBY doit savoir aussi qu’il est parfois très agaçant. Le problème, c’est qu’on en redemande S’il pouvait nous agacer encore quelques années, ce serait parfait.
FRED EBOKO, INSTITUT DE RECHERCHE POUR LE DÉVELOPPEMENT (IRD, EX-ORSTOM), FRANCE

Médias haineux
Je suis indigné par le cynisme des médias occidentaux (et notamment ceux de l’Hexagone) à l’endroit du président libyen. Le 20 heures du vendredi 14 décembre présenté par Claire Chazal (TF1) a été une énième occasion dans cette campagne de diabolisation du leader libyen. La journaliste chargée de faire un reportage sur la dernière journée de Kadhafi en France est passée outre les règles élémentaires de la profession en faisant part aux téléspectateurs de ses états d’âme (sa haine envers un chef d’État fier et indépendant) plutôt que des faits. Elle parlait pernicieusement de « l’agressivité de la garde féminine de Kadhafi », de son « émerveillement devant la salle du sacre de Napoléon et devant le trône reconstitué de Louis XVI, symboles du pouvoir absolu ». Et ce n’est là qu’une petite illustration de la haine des médias français envers ce grand Africain qu’est le « Guide » libyen.
FABIEN DINGOM, YAOUNDÉ, CAMEROUN

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Bonimenteur
C’est avec beaucoup de désolation, d’écoeurement et d’amertume que j’ai pris connaissance de la teneur du discours du président français Nicolas Sarkozy à Dakar, en juillet dernier. C’est avec les mêmes sentiments que j’ai suivi le discours de Sarkozy lors de sa visite officielle à Alger le 3 décembre, à travers lequel il reconnaît cette fois que la colonisation a trahi la devise de la République : liberté, égalité, fraternité. Est-ce la manifestation d’une mémoire sélective ou d’une amnésie consciente ? Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à l’issue de son séjour en Algérie des contrats concernant entre autres le gaz ont été signés pour un montant global de 5 milliards d’euros. Comme quoi, tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. Soyons vigilants face au bonimenteur.
JEAN-BRUNO MADIABOLA, CHAMPIGNY-SUR-MARNE, FRANCE

À éducation égale…
Je suis d’accord avec Doudou Diène, qui, dans votre n° 2445, parle de blessure profonde provoquée par le « Discours de Dakar » de Nicolas Sarkozy. « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire. » À qui la faute, du moins en partie? En ce qui concerne les propos du Prix Nobel James Watson sur « l’infériorité intellectuelle des personnes d’ascendance africaine », où a-t-il pris ses informations moyenâgeuses ? Peut-être dans un asile d’aliénés. Moi, je dis qu’à éducation égale toutes les races sont égales.
FRÉDÉRIC PEYRONNET, GARRIGUES, FRANCE

Lord Byron, présumé innocent…
Vos lecteurs auront été surpris d’apprendre (J.A. n° 2445: Fouad Laroui « Cousin/cousine ou le test ADN à la hollandaise ») que Lord Byron « avait carrément épousé sa demi-soeur ». En Angleterre, comme presque partout ailleurs, une telle union est interdite, même dans le cas d’un poète et lord. La vraie histoire n’est cependant pas sans intérêt. En janvier 1815, Byron épousa Anne Milbanke, une héritière qui n’était en aucun cas une relation de famille. En décembre de la même année, le couple eut une fille et, un mois plus tard, Anne quitta son mari pour ne jamais revenir. Ni Anne ni Byron ne donnèrent d’explication à ce départ. Byron mourut huit ans après en Grèce, où il participait à la guerre de libération. Presque un demi-siècle plus tard, une amie d’Anne annonça que celle-ci l’avait informé avant sa mort que la séparation avait été due à sa découverte que Byron entretenait une liaison interdite avec sa demi-soeur, Augusta. Curieusement, l’amie n’était autre que Harriet Beecher Stowe, la célèbre romancière américaine auteure de La Case de l’oncle Tom, ouvrage qui donna une forte impulsion au mouvement antiesclavagiste. Cependant, Mme Stowe ne put avancer aucune preuve pour cette accusation, qui resta très controversée. À moins que Fouad Laroui ne dispose de nouveaux éléments, Lord Byron doit bénéficier aujourd’hui de la présomption d’innocence.
PETER ROBERTSON, RIOM, FRANCE

Palestine: il y a un outil
Je ne comprends pas pourquoi les Palestiniens ont fait le voyage d’Annapolis en maugréant et en émettant des réserves quant aux résultats de cette rencontre. Est-ce pour contenter Bush? Est-ce pour démontrer que le colon israélien n’est pas beau joueur? Pour cela, ils n’avaient aucunement besoin de se déplacer, nous le constatons tous les jours. Et de quel État palestinien s’agit-il ? Un État sans continuité géographique et sans les attributs de la souveraineté n’est pas un État. Il y a un outil pour résoudre le problème: le droit international, conçu par les Occidentaux et les Américains eux-mêmes, et dont l’ONU est en principe la gardienne. Appliquons ce droit, tout en préservant les droits des colons installés quand même depuis soixante ans en Palestine. La paix coulera de source.
JAMEL EDDINE BOUACHBA, LE KRAM, TUNISIE

Langue de bois à Paris
Je souhaite réagir au courrier d’un lecteur, Konimba Coulibaly, que vous avez publié dans le n° 2448 et qui déplore l’absence de réactions des chefs d’État africains au « discours de Dakar ». Je mets particulièrement en cause celui qui aurait dû manifester une virulence sans ambages vis-à-vis des propos du président français tenus dans son pays. Lors de sa visite en France, le chef de l’État sénégalais a, sur un plateau de télévision, défendu Nicolas Sarkozy en rétorquant que le discours de Dakar « n’était pas le fond de sa pensée » et a, pour le dédouaner, accusé sa plume, Henri Guaino, d’être « en retard de cinquante ans ».
Il est curieux que celui qui « n’a pas sa langue dans sa poche », comme il aime volontiers se présenter, pratique, si soudainement et si adroitement, la langue de bois! Il est inhabituel que celui qui « ose dire tout haut ce que les autres pensent tout bas », comme il aime volontiers être présenté, dise tout haut ce que personne en Afrique n’a daigné penser tout bas! Qui veut nous faire croire que le président français s’est laissé piéger par sa plume? Qui veut nous convaincre que Nicolas Sarkozy, professionnel de la communication, n’a pas préalablement lu son texte?
ABDOULAYE SY, ÉTUDIANT, CLICHY-LA-GARENNE, FRANCE

Les Africains et l’Histoire
Le désormais célèbre « discours de Dakar » prononcé le 26 juillet 2007 par le président français est l’objet d’un vif débat. Pour preuve, un rapporteur de l’ONU, et non des moindres, n’a pas hésité à dire que les propos de M. Sarkozy « s’inspirent des écrits racistes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles » (J.A. n° 2445). Faut-il rappeler qu’en Afrique la démocratie et le respect des droits universels de l’homme n’en sont qu’à leurs balbutiements et que, par miracle, le continent survit aux calamités les plus terribles dont ses fils, intellectuels ou non, sont les principaux responsables. Certes, affirmer que « les intellectuels africains ne sont pas rentrés dans l’Histoire » est excessif. Il n’en demeure pas moins vrai que les peuples d’Afrique ont beaucoup de mal à prendre conscience de la gravité de leur situation. L’Afrique peine grandement à instaurer des démocraties crédibles et durables. Alors, plutôt que de s’appliquer à passionner ce débat, mesdames et messieurs les intellectuels africains feraient mieux d’aider l’Afrique autrement, pour que le ciel vienne en aide à ce vieux continent qu’ils aiment tant !
DR BRAHIM OULD SIDI VALL, PARIS, FRANCE

Délocalisations: l’Afrique convoitée
Pendant que certains chefs d’entreprise français
cherchent à délocaliser leur production en Chine pour des
raisons de coûts salariaux, la Chine délocalise et investit
déjà en Afrique subsaharienne.

Les grands patrons du CAC 40 sont très dynamiques lorsqu’il s’agit de gagner une place dans l’avion présidentiel en partance pour l’Asie, l’Amérique ou le MaghrebTandis que l’Afrique noire ne voit débarquer que des ministres de l’Intérieur, de l’Immigration, de la Francophonie et des Droits de l’Homme. Hélas, souvent, sans bataillon de chefs d’entreprise. Vraisemblablement, on se complaît encore dans la logique de l’assistanat humanitaire aux élans paternalistes; tout en observant la prolifération des ONG, chargées de répondre par compassion aux incuries de certains gouvernants africains. Face à l’offensive de la Chine en Afrique, un vieil adage dit: « Les retardataires ont toujours tort. » J’ose espérer que les acteurs politiques et économiques européens, français en particulier, ne l’apprendront pas à leurs dépens. Car le temps de l’Afrique est venu; pourvu qu’il soit bien géré.
URBAIN-ROUSSEL M’VOUAMA, BESANÇON, FRANCE

PRÉCISIONS
Contrairement à ce que nous avons écrit dans le numéro 2449 (page 111), le musicien ivoirien Alpha Blondy n’est pas âgé de 61 ans. Il compte à peine 55 ans puisqu’il est né le 1er janvier 1953. Par ailleurs, dans le même numéro, la photo de Laurent Gbagbo et Nicolas Sarkozy à Lisbonne (page 58) est de Philippe Kouhon.

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