En Afrique du Sud, des petits épargnants anéantis par la faillite de la banque VBS

En 2018, l’établissement bancaire prisé des petits porteurs s’est retrouvé à court de liquidités, provoquant un énorme scandale de corruption en Afrique du Sud, et mettant en péril des milliers de petits épargnants.

Un bâtiment ayant abrité une branche de la banque VBS à Thohoyandou , dans le nord de l’Afrique du Sud, le 12 décembre 2018. © GULSHAN KHAN/AFP

Un bâtiment ayant abrité une branche de la banque VBS à Thohoyandou , dans le nord de l’Afrique du Sud, le 12 décembre 2018. © GULSHAN KHAN/AFP

Publié le 10 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

« J’allais à la banque presque tous les jours pour savoir ce qui se passait », se souvient Annah Muambadzi, une Sud-Africaine de 65 ans, se rappelant la panique provoquée par la faillite de sa banque. Pour cette mère de famille de la province du Limpopo, dans le nord de l’Afrique du Sud, la banqueroute de VBS, en 2018, ne pouvait pas plus mal tomber. Son fils devait se marier et elle devait s’acquitter des frais universitaires d’un de ses enfants.

Annah Muambadzi officiait comme trésorière d’un « stockvel », un portefeuille commun entre épargnants qui y contribuent mensuellement. « Les femmes (du stockvel) ont commencé à me regarder avec suspicion, pensant que j’avais volé leur argent », se rappelle-t-elle, « ça a cassé la confiance entre nous ».

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« Banque des pauvres »

L’effondrement de VBS, résultat d’un pillage organisé par 53 personnes et sociétés à hauteur de 117 millions d’euros, a provoqué une véritable onde de choc en Afrique du Sud. VBS était la banque de nombreux épargnants modestes, ce qui lui valait le surnom de « banque des pauvres ». L’établissement avait été créé en 1982 pendant l’apartheid, quand la majorité noire n’avait que peu ou pas d’accès aux banques.

Devant l’ampleur du scandale, la Banque centrale sud-africaine a été contrainte d’intervenir et de garantir jusqu’à 6 100 euros à chacun des 23 000 clients de VBS. Annah Muambadzi, qui avait très peu d’économies, a récupéré sa mise.

Mais ceux qui avaient une épargne plus importante n’ont pas pu récupérer toute leur mise. « J’attends toujours mon argent », se lamente Elwani Khuba, professeur d’université à la retraite qui avait épargné pour ses enfants et petits-enfants. « C’est tellement déchirant. »

« Pourrie jusqu’à la moelle »

L’an dernier, l’établissement s’est retrouvé à court de liquidités, provoquant un énorme scandale de corruption en Afrique du Sud. VBS est « corrompue et pourrie jusqu’à la moelle », a expliqué sans détour la Banque centrale dans un rapport explosif intitulé L’immense casse de la banque.

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Selon des journalistes d’investigation locaux, certains de ses responsables ont puisé dans les caisses de la banque pour s’offrir des voitures de luxe et des voyages en hélicoptère. « C’étaient des criminels comparables à des braqueurs de banque, la seule différence est qu’ils portaient des mallettes et de beaux costumes Armani », a estimé Anoosh Rooplal, l’administrateur de VBS, dont la justice a ordonné la fermeture.

Corruption

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, arrivé au pouvoir début 2018 avec la promesse d’éradiquer la corruption, a bien promis de « poursuivre les responsables » du fiasco VBS, mais, à ce jour, personne n’a été arrêté.

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Le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), éclaboussé par de nombreux scandales lors de la présidence de Jacob Zuma a pour sa part suspendu 14 maires soupçonnés d’être mêlés à l’affaire VBS. Pas suffisant, de l’avis de plusieurs épargnants floués qui n’ont toujours pas récupéré leurs économies.

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