Soudan: l’opposante Mariam al-Mahdi, fille de Sadeq al-Mahdi, emprisonnée
Une responsable de l’opposition soudanaise a été condamnée dimanche 10 mars à une semaine de prison, quelques heures après avoir été arrêtée avec d’autres opposants pour avoir tenté d’organiser une marche vers le Parlement contre l’état d’urgence imposé dans le pays, selon des militants.
L’état d’urgence a été imposé le 22 février, pour un an et dans tout pays, par le président Omar el-Béchir, pour tenter d’enrayer un mouvement de contestation qui demande sa démission depuis près de trois mois.
Béchir, qui tient le pays d’une main de fer depuis son arrivée au pouvoir par un coup d’Etat en 1989, a notamment ordonné la mise en place de tribunaux d’urgence pour juger toute personne ayant violé l’état d’urgence.
Mariam al-Mahdi, fille du chef du principal parti d’opposition al-Oumma, Sadiq al-Mahdi, a été condamnée dimanche à une semaine de prison par un tribunal d’urgence, un autre responsable de ce parti Mohamed al-Mahdi.
Mariam al-Mahdi et sa soeur Rabah figuraient parmi les protestataires interpellés quelques heures plus tôt.
Les organisateurs avaient appelé à une marche dimanche pour défier l’état d’urgence. Le défilé devait commencer devant les bureaux du parti al-Oumma, à Omdourman, ville voisine de la capitale Khartoum.
« Alors que certains de nos leaders sortaient du bureau pour mener la marche, des agents des renseignements les ont arrêtés », a affirmé Mohamed al-Mahdi, qui n’a aucun lien de parenté avec Sadiq al-Mahdi, dernier Premier ministre démocratiquement élu, chassé du pouvoir par Béchir.
Outre les deux filles du chef d’al-Oumma, « cinq autres responsables de notre parti ont également été emmenés par les agents des renseignements », a-t-il ajouté, précisant attendre des « décisions de justice concernant Rabah et les cinq autres ».
Selon lui, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur les protestataires rassemblés devant les bureaux du parti. Les policiers les ont « dispersés avant qu’ils ne puissent marcher », d’après un témoin, qui a indiqué que les protestataires avaient ensuite « lancé des manifestations dans quelques quartiers d’Omdourman », et que plusieurs d’entre eux avaient été arrêtés.
Le NISS a arrêté depuis décembre des centaines de manifestants, leaders de l’opposition, militants et journalistes, d’après des ONG. Depuis l’état d’urgence, quelque 900 manifestants ont été conduits devant des « tribunaux d’exception » à Khartoum et à Omdourman, selon les médias officiels.
Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le 19 décembre. L’ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts. Le mouvement de contestation a débuté le 19 décembre après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, en plein marasme économique.
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