Zeine Ould Zeidane

Premier ministre mauritanien

Publié le 20 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

À 41 ans, l’ancien gouverneur de la Banque centrale mauritanienne, candidat à la dernière présidentielle (mars 2007), qui, entre les deux tours, a appelé à voter pour l’actuel chef de l’État en échange du poste de Premier ministre, hérite de dossiers sensibles, dont celui du passif humanitaire. L’État doit-il juger les auteurs des crimes et exactions commis contre les Négro-Mauritaniens au tournant des années 1990, ou se contenter de demander pardon aux victimes ? Cet économiste de formation, qui prône la clarté et la culture du résultat, n’a pas toutes les réponses.

Jeune Afrique : La Mauritanie vient de récolter 2,1 milliards de dollars pour financer son développement d’ici à 2010, pour des besoins estimés à 1,6 milliard. Comment
expliquez-vous cet écart ?
Zeine Ould Zeidane : Nous sommes bien sûr très heureux d’avoir obtenu plus que ce que nous avions demandé. Cela témoigne de la crédibilité du gouvernement et de la volonté de la communauté financière internationale d’appuyer la Mauritanie dans ses efforts de développement. C’est d’une certaine manière une prime à la démocratie.

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Quand le peuple récoltera-t-il le fruit de cet argent ?
Les montants qui viennent d’être mobilisés auront un impact réel à partir de 2009. Il faut d’abord concrétiser les engagements et signer les conventions de financement. Beaucoup de projets sont en cours de réalisation. Le chantier de Aftout Essahli (pour l’approvisionnement de la capitale en eau, ndlr), qui vient d’être inauguré, va créer 1 000 emplois, tout de suite. Les problèmes de courant à Nouakchott seront bientôt derrière nous, grâce à deux projets pour augmenter la production d’électricité. Les travaux des routes Rosso-Boghé et Kaédi-Sélibaby sont en cours. Ceux de la route Atar-Tidjikja vont bientôt commencer.

La population reconnaît que les journées de concertation, en novembre, ont permis de briser les tabous de l’ère Ould Taya. Mais une partie des Négro-Mauritaniens considèrent que le gouvernement n’a pas adopté une position claire concernant le passif humanitaire. Les coupables seront-ils jugés ?
Au cours des journées de concertation, un consensus s’est dessiné. Les valeurs de pardon doivent être partagées par tout le monde. En même temps, l’État doit observer un devoir de mémoire. Des citoyens ont subi des préjudices moraux qu’il faut compenser, et ce n’est pas seulement une question d’argent. Dans les prochains jours, le gouvernement fera des propositions claires sur la base des conclusions auxquelles nous sommes parvenus.

Va-t-il suivre la position d’une partie des Maures, qui souhaitent s’en tenir à la demande de pardon ; ou celle de certains Négro-Mauritaniens, qui exigent que justice soit faite ?
L’option retenue par le gouvernement, c’est de tourner définitivement la page. Pour ce faire, il faut que les Mauritaniens se pardonnent, mais aussi qu’ils se souviennent.

Ce qui signifie que justice ne sera pas faite ?
Non, ce n’est pas ce que cela signifie. Cela signifie qu’il y aura une justice au nom de laquelle les victimes et leurs ayants droit pardonneront à ceux qui ont probablement commis des forfaits pour que nous puissions définitivement tourner la page. En même temps, nous continuerons à nous souvenir aussi de cette période sombre de l’histoire de la Mauritanie.

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