Un filon prometteur ?
Exploité de façon industrielle depuis douze ans, le métal jaune pourrait devenir la deuxième ressource d’exportation du secteur minier, en dépit de modestes réserves.
C’est aujourd’hui la plus grande unité industrielle d’Afrique en matière de traitement de l’or. La nouvelle usine de la Société aurifère de Guinée (SAG), filiale d’Anglogold Ashanti, est implantée à une vingtaine de kilomètres de Siguiri, au cur de la Haute-Guinée, dans une région réputée pour la qualité de ses gisements aurifères. Une infrastructure qui devrait donner une nouvelle dynamique à un secteur encore à la traîne. Il est vrai que le jeu en vaut la chandelle : la mine de Koron-Siguiri que la SAG exploite depuis 1998 renferme d’importants gisements de qualité. Ses réserves sont estimées à 61 millions de tonnes, pour une teneur en or de 1,21 gramme par tonne. La SAG doit la construction de cette usine high-tech à la fusion, en avril 2004, du leader mondial du secteur aurifère Anglogold avec la société ghanéenne Ashanti Goldfield. Auparavant, la SAG avait pour actionnaire la société Ashanti Goldfield (85 %) et l’État guinéen (15 %).
De cette fusion est donc née une entité qui connaît depuis 2006 une phase de développement impressionnante à la suite d’un investissement record de 85 millions de dollars. Il devrait être amorti d’ici à quatre ans puisque, grâce à un nouveau procédé de traitement de l’or, la SAG est désormais capable de traiter un tonnage plus élevé de minerai avec une réduction de la consommation en intrants et un meilleur taux de récupération de l’or. Ce nouveau procédé, appelé Carbon-in-Pulp (CIP), consiste à récupérer l’or par un procédé au carbone actif. Le carbone utilisé pour cette opération est régénéré par traitement à l’acide et peut donc être réutilisé, ce qui contribue à faire baisser les coûts de production et à limiter la pollution.
Le procédé CIP permet aujourd’hui à la SAG de récupérer 93 % de l’or, avec un traitement de 30 000 tonnes de minerais par jour et environ 10,5 millions tonnes de minerais traités sans interruption par an, soit un rendement en hausse de 15 % à 20 %. Jusqu’ici, le niveau de récupération de l’or se situait entre 75 % et 77 %. L’ancien procédé utilisé était le système Heap Leach (HL) – ou lixiviation – qui ne permettait d’exploiter que des minerais à forte teneur. La méthode du Heap Leach consiste à récupérer l’or grâce à une solution de cyanure qui coule à travers le minerai concassé.
Depuis avril 2006, date officielle de l’inauguration de la nouvelle usine et donc du lancement du procédé CIP, la SAG utilise parallèlement les deux procédés d’extraction pour une production optimisée. Les résidus à faible teneur mais non traités par le Heap Leach sont traités par le Carbon-in-Pulp. Ce qui au final permet une baisse du coût de production. En 2006, la SAG a produit 301 000 onces, dont l’essentiel grâce au CIP. Au total, Anglogold Ashanti tire du sous-sol guinéen l’équivalent de 5 % de sa production totale.
L’introduction du procédé CIP fait de la SAG le leader incontestable du secteur aurifère en Guinée. La société reste toutefois concurrencée par la SMD (Société minière de Dinguiraye) qui exploite la mine de Léro, en Haute-Guinée, depuis 1995. La SMD va, elle aussi, connaître un projet d’extension de ses installations en vue d’augmenter sa production à hauteur de 300 000 onces. Un investissement de 220 millions de dollars a été consenti par l’actionnaire majoritaire Crew Gold Corporation, société minière cotée à la Bourse de Toronto.
Un second projet d’exploitation, concernant le gisement de Fayalala (dans les environs de la mine de Léro), fait actuellement l’objet d’une étude de certification des ressources et de faisabilité. Alors que la convention minière qui lie la SMD à l’État guinéen est de vingt-cinq ans, ce gisement, s’il venait à être exploité, pourrait produire jusqu’à 100 000 onces par an. D’autres études d’évaluation des possibilités d’exploitation sont également en cours sur la concession de Léro, notamment en ce qui concerne l’anomalie de Diguili, le gisement de Tambico et la mine d’or de Banora, exploitée jusqu’en 1960. Troisième et dernière société industrielle à exploiter l’or de Guinée, la Société d’exploitation minière d’Afrique de l’Ouest (Semafo), détenue à 85 % par la société Smafo, elle-même contrôlée par le groupe marocain Managem (ONA). Le 3 avril 2002, la Semafo inaugurait la mine de Kiniero, près de Kouroussa, en Haute-Guinée. Au cours de l’année 2006, des études et des travaux d’ingénierie ont été réalisés pour optimiser la capacité, le rendement et la longévité des installations de l’usine de Kiniero. En 2006, la Semafo a produit 47 200 onces d’or.
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