Soudan : le Parlement raccourcit l’état d’urgence à six mois

Le Parlement soudanais a approuvé lundi l’instauration de l’état d’urgence mais uniquement pour six mois au lieu d’un an réclamé par le président Omar el-Béchir afin de contenir la contestation qui secoue le pays depuis près de trois mois.

L’ex-président du Soudan, Omar el-Béchir, lors du sommet Afrique-France, à Cannes, le 15 février 2007. © LIONEL CIRONNEAU/AP/SIPA

L’ex-président du Soudan, Omar el-Béchir, lors du sommet Afrique-France, à Cannes, le 15 février 2007. © LIONEL CIRONNEAU/AP/SIPA

Publié le 11 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

« Un état d’urgence de six mois a été approuvé à la majorité », a déclaré le président du Parlement Ibrahim Ahmed Omer, après un vote sur le décret présidentiel. Le président soudanais, qui fait face à sa plus sérieuse contestation depuis son arrivée au pouvoir il y a 30 ans par un Coup d’Etat, avait déclaré le 22 février un état d’urgence d’un an dans tout le pays dans l’espoir de mettre fin aux manifestations quasi quotidiennes réclamant sa démission.

Les protestations ont éclaté le 19 décembre après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain dans un pays en plein marasme économique. Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le début des manifestations. L’ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts.

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Une commission parlementaire avait été créée pour examiner le décret présidentiel et avait suggéré de raccourcir l’état d’urgence à six mois au lieu d’un an. Lundi, le Parlement, dominé par le parti présidentiel (Parti du Congrès national), a approuvé cette recommandation.

Compromis

Ce vote intervient alors que les organisations de défense des droits humains estiment que l’état d’urgence entraîne de nombreux abus de la part des autorités. « Le Parlement ne voulait pas rejeter le décret présidentiel, donc il a trouvé un compromis en maintenant l’état d’urgence pour six mois », estime Nabeel Adib, un célèbre défenseur des droits humains au Soudan. « Mais pour moi, six mois ou un an, ce n’est pas très différent. Cette mesure viole des droits humains qui sont garantis dans la Constitution soudanaise », a -t-il ajouté.

Le ministre de la Justice, Mohamed Ahmed Salim, a lui défendu cette mesure. « Nous avons une version douce de l’état d’urgence et les gens se plaignent malgré tout », a-t-il regretté.

Omar el-Béchir, qui tient le pays d’une main de fer depuis 1989, a notamment ordonné la mise en place de tribunaux d’urgence pour juger toute personne ayant violé l’état d’urgence. Il a également donné des pouvoirs étendus aux forces de sécurité et les services de renseignement pour mener des raids et des perquisitions.

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Une responsable de l’opposition soudanaise a ainsi été condamnée dimanche à une semaine de prison, après avoir été arrêtée ainsi que sa sœur avec d’autres protestataires pour avoir tenté d’organiser une marche vers le Parlement contre l’état d’urgence imposé dans le pays.

Numéro deux du principal parti d’opposition al-Oumma dirigé par son père Sadek al-Mahdi, Mariam al-Mahdi a été condamnée par un tribunal d’urgence.

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Elle a ensuite annoncé sur Facebook avoir « refusé de payer une amende » de 2000 livres soudanaises (37 euros), ce qui rallonge son emprisonnement à trois semaines. Elle a été emmenée dans une prison à Omdourman, ville voisine de la capitale Khartoum.

Outre l’état d’urgence, Omar el-Béchir a répondu aux contestations en limogeant le gouvernement aux niveaux fédéral et provincial et en nommant à la tête des 18 régions du pays 16 officiers de l’armée et deux responsables de la sécurité.

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