Bénin : Adrien Houngbédji interrogé à son domicile, son parti débouté par la Cour constitutionnelle
Convoqué à la brigade criminelle, le président de l’Assemblée nationale du Bénin a finalement été interrogé à son domicile, pour des soupçons de falsifications de documents de candidature pour les législatives, où aucun parti de l’opposition n’a été autorisé. Face au rejet de son recours devant la Cour constitutionnelle, son parti a annoncé une marche le 14 mars.
La journée a été plutôt chargée pour Adrien Houngbédji. Convoqué à 10 heures à la brigade criminelle de Cotonou, le 12 mars, le président de l’Assemblée nationale a finalement choisi de diriger, à la même heure, une réunion au Parlement. Une rencontre qui s’inscrivait dans le cadre de la mission confiée par le chef de l’État béninois pour recueillir auprès des partis politiques des propositions en vue de sortir de la crise électorale et politique qui secoue actuellement le pays, notamment depuis l’exclusion de l’opposition aux législatives du 28 avril.
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À 14 heures, deux officiers de la police judiciaire se sont rendus à son domicile à Porto-Novo, où il a été entendu pendant une vingtaine de minutes. L’interrogatoire a notamment porté sur les cas de falsifications supposées de pièces contenues dans le dossier de candidature de son parti, le PRD (Parti du renouveau démocratique), pour les législatives. L’un des candidats aurait par exemple présenté une fausse carte d’électeur dans son dossier.
Impossible de prévenir les candidatures frauduleuses, selon Houngbédji
La séance a été « détendue » et Adrien Houngbédji a « sereinement » répondu aux questions de la police, a confié l’un de ses proches à Jeune Afrique.
Dans le fond, le président de l’Assemblée nationale n’aurait pas varié dans sa défense, indiquant qu’« aucun parti politique au Bénin n’a les moyens de s’assurer de l’authenticité des documents de candidature que lui présentent ses militants. S’il y a un problème, c’est bien aux intéressés qu’il faut s’en prendre et non au chef du parti », a-t-il précisé.
Dans la matinée, l’un des responsables du PRD, Charlemagne Honfo, maire de la commune de Sèmè-Podji, a également été interrogé sur les mêmes faits, directement dans l’enceinte de la brigade criminelle.
Autre personne entendue par la police : Emmanuel Tiando, le président de la Commission électorale nationale autonome (Cena), qui a rejeté les dossiers de candidature du PRD et de quatre autres partis de l’opposition.
« La décision de la Cena n’a pas violé la Constitution »
Saisie d’une requête du PRD pour faire déclarer la décision de la Cena contraire à la Constitution, la Cour constitutionnelle a débouté en fin de soirée le parti d’Adrien Houngbédji, tout comme ceux de l’Union sociale libérale (USL) de Sébastien Ajavon (opposition) et le parti de la mouvance Moele-Bénin.
« La décision de la Cena n’a pas violé la Constitution », a notamment répondu la Cour, mettant ainsi fin au contentieux juridictionnel autour des candidatures à ces législatives où aucun parti de l’opposition ne pourra concourir, faute d’avoir obtenu le fameux certificat de conformité à la nouvelle charte des partis politiques.
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Les allégations du PRD contre les deux partis de la mouvance présidentielle, le Bloc républicain (BR) et l’Union progressiste (UP), dont seuls leurs dossiers ont été acceptés par la Cena le 5 mars, ont également été rejetées. Malgré les déclarations et les documents produits par le PRD sur les « irrégularités » supposées dans les dossiers de candidature du BR et de l’UP, la Cour a décidé que les récépissés définitifs accordés par la Cena à ces deux partis de la majorité présidentielle étaient bien conformes à la Constitution.
Le parti d’Adrien Houngbédji a annoncé une marche de protestation le jeudi 14 mars à Porto-Novo, son fief et capitale administrative du pays. Lundi, les forces de l’opposition avaient également organisé une marche pour dénoncer l’exclusion de l’opposition au sein du processus électoral. Le lendemain, les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) de l’ancien président Thomas Boni Yayi, s’en était pris à la Cena qui, selon la déclaration lue à la presse, « n’est plus crédible pour conduire en toute impartialité le processus électoral ».
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