Soupçons de corruption au Cameroun : les enquêtes qui touchent Mebe Ngo’o se poursuivent
Trois jours après l’incarcération de l’ancien ministre de la Défense Edgard Alain Mebe Ngo’o, son épouse a également rejoint la prison centrale de Kondengui, où elle a été placée sous mandat de dépôt. Les enquêtes sur les soupçons de corruption qui pèsent sur eux se poursuivent.
Edgard Alain Mebe Ngo’o et son épouse Bernadette sont réunis depuis le 11 mars à la prison centrale de Kondengui. L’épouse de l’ancien ministre de la Défense, qui avait eu un malaise le 8 mars dernier, le jour de son incarcération ainsi que celle de ses coaccusés, a été écrouée par le juge du Tribunal criminel spécial (TCS) et placée dans l’un des quartiers féminins de cette unité carcérale.
Cet emprisonnement marque une nouvelle étape dans la procédure judiciaire engagée contre certains membres de cette famille, à la suite de soupçons d’actes de corruption dont ils font l’objet. Les faits remontent à l’époque où Edgard Alain Mebe Ngo’o, principal prévenu dans ce dossier, dirigeait le ministère de la Défense. L’homme est notamment cité dans deux affaires. La première, MagForce, porte sur des surfacturations s’élevant à près de 5 milliards de francs CFA (7,6 milliards d’euros) dans des opérations d’acquisitions de matériel militaire. La seconde, Defex, du nom d’une entreprise espagnole commercialisant entre autres des équipements dans le secteur de la défense, s’intéresse à des contrats passés avec le Cameroun en 2010 et 2011.
>>> À LIRE – Soupçons de corruption au Cameroun : Mebe Ngo’o interrogé dans le cadre de l’affaire Defex
Implication familiale
Citée, Bernadette Mebe Ngo’o serait également l’une des pièces maîtresses de ces dossiers. Selon des sources proches de l’affaire MagForce, interrogées par Jeune Afrique, des comptes bancaires enregistrés en son nom auraient servis à faire transiter des fonds particulièrement suspects. Contrairement à ce qu’ont annoncé certains médias, elle ne serait donc pas citée au sujet des nombreux marchés de prestations qu’elle aurait gagnés du temps où son époux était ministre de la Défense. L’un des marchés les plus importants étant celui de l’approvisionnement en vivres des militaires camerounais intervenants en République Centrafricaine, au travers d’une société lui appartenant.
Mais les deux membres du couple ne sont pas les seuls Mebe Ngo’o auxquels la justice camerounaise s’intéresse. Philippe et Lionel, deux des fils de l’ancien délégué général à la Sûreté nationale, ont également été interrogés par les agents du corps spécial de la police judiciaire du Tribunal criminel spécial (TCS). La question d’une quelconque incarcération n’est pour le moment pas engagée.
Rumeurs de lynchage
En pleine affaire judiciaire, le coupe n’a également pas été épargné par des rumeurs. Sur les réseaux sociaux, des on-dit faisant état d’une hostilité des autres prisonniers de Kondengui à l’égard des Mebe Ngo’o a rapidement fait le tour du web. Des publications venant de personnalités telles que l’écrivaine Calixthe Beyala, qui a évoqué sur son compte Facebook « une tentative de lynchage » du nouveau pensionnaire de la prison, ont notamment contribué à amplifier cette nouvelle.
Si l’ancien ministre de la Défense et son épouse ont bien retrouvé des « ennemis » à Kondengui, ceux-ci n’ont pas été victimes de lynchage, a assuré à Jeune Afrique un responsable du pénitencier, sous couvert d’anonymat. « M. Edgard Alain Mebe Ngo’o, tout comme son épouse, se portent bien. Ils n’ont jamais été victimes d’une quelconque intimidation », a-t-il certifié. La même source indique cependant que les Mebe Ngo’o ont été coupés de toute visite, dans le but de laisser les enquêtes se poursuivre normalement.
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