Quand la mine menace la forêt
La formidable biodiversité de la Guinée forestière risque-t-elle de pâtir du développement industriel ? Les ONG montent au créneau pour protéger la faune de la région.
Publié le 20 décembre 2007 Lecture : 1 minute.
Fiertés de la Guinée forestière, le mont Simandou et le mont Nimba sont au centre de l’âpre bataille que se livrent les écologistes guinéens et les grandes sociétés minières qui lorgnent sur un potentiel de 3 milliards de tonnes de fer encore inexploitées. Pour les organisations de défense de l’environnement, les travaux d’extraction du minerai lancés par le géant minier Rio Tinto-Alcan et le consortium EuroNimba risquent en effet de perturber l’écosystème particulièrement riche des deux massifs. Nombreux sont ceux qui craignent que la coupe des arbres de la forêt envisagée pour le passage du Transguinéen, ligne de chemin de fer de plus de 1 000 km destinée à évacuer le fer vers la côte Atlantique, ne mette en péril le picatharte chauve de Guinée, petit oiseau multicolore qui habite notamment dans les grottes montagneuses du Simandou.
Crapauds et chimpanzés
On s’inquiète également pour les chimpanzés de Bossou, la dernière ville guinéenne avant la frontière avec le Liberia. D’autant plus que ces primates, réputés pour leur adresse à concasser des noix de palmiers à huile à l’aide de pierres qu’ils utilisent comme une enclume et un marteau, ont d’ores et déjà disparu dans quatre pays d’Afrique de l’Ouest. Autre sujet de préoccupation pour les amoureux de la faune, les crapauds vivipares du mont Nimba, une espèce unique au monde. Ce petit batracien qui ne mesure pas plus de deux centimètres a la particularité d’avoir une gestation de neuf mois.
Élevé au rang de réserve naturelle intégrale en 1944, le mont Nimba est devenu en 1981 une réserve de biosphère pour l’Unesco avant d’être inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité la même année. Face à la pression croissante des groupes miniers internationaux, plusieurs associations, notamment l’ONG Guinée Écologie, comptent bien faire entendre leur voix. Leur objectif est d’obtenir des compagnies minières qu’elles mettent un terme à leurs activités ou, tout au moins, qu’elles intègrent systématiquement un volet de protection de l’environnement dans leurs investissements.
