Algérie : gouvernement d’ouverture, IIe République, référendum… les nouvelles promesses du pouvoir
Deux jours après le report des élections et le renoncement d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, son nouveau vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a détaillé dans une interview à la radio nationale les étapes du « plan de travail » souhaité par la présidence.
Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie
Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.
Face à la contestation de la rue, qui persiste malgré les nouvelles promesses du gouvernement, Ramtane Lamamra avait pour mission de convaincre le plus grand nombre du bien-fondé du « plan de travail » proposé par le président Abdelaziz Bouteflika, lors d’une longue interview diffusée mercredi après-midi à la radio nationale.
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« Il est clair que certains n’accueillent pas favorablement ces réformes. C’est tout à fait respectable. Nous sommes même admiratifs devant cette capacité extraordinaire d’organisation et cette maîtrise de la technologie, a déclaré le nouveau numéro 2 du gouvernement. L’émergence de cette jeunesse courageuse et ambitieuse, c’est le principal acquis de la présidence de Bouteflika. C’est un capital précieux pour la nation algérienne. »
• Un gouvernement d’ouverture
Lamamra et le Premier ministre Noureddine Bedoui ont pour première mission de former un nouveau gouvernement. Selon le diplomate, le chef de l’État a demandé un « changement substantiel » à différents postes.
Si des éléments de l’opposition et de la société civile souhaitent être présents au gouvernement, ils sont les bienvenus
« Nous souhaitons qu’il y ait des nouveaux visages, des femmes et des jeunes dans la composition de ce nouvel appareil exécutif, a confirmé Ramtane Lamamra. Si des éléments de l’opposition et de la société civile souhaitent être présents au gouvernement, ils sont les bienvenus. » D’après le vice-Premier ministre, les membres de son équipe seront chargés d’assurer la continuité de la représentation algérienne et de répondre aux préoccupations nationales, sociales et économiques.
• Bouteflika maintenu jusqu’à la prochaine élection
Ramtane Lamamra a levé le doute sur le maintien ou non d’Abdelaziz Bouteflika à son poste durant cette période de transition. Le président compte bel et bien rester jusqu’à la tenue d’une nouvelle élection, qui se tiendrait à une date fixée par la Conférence nationale.
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« Il ne s’agit pas de rester au pouvoir quelques mois de plus », a soutenu ce proche du chef de l’État. Selon lui, cette prolongation de mandat vise à simplifier le processus en proposant un seul scrutin présidentiel, plutôt que deux échéances dans un laps de temps très court, comme proposé par le président Bouteflika le 3 mars lors du dépôt de sa candidature.
• Nouvelle Constitution
Cette même conférence nationale aura pour mission, avant l’élection, d’écrire une nouvelle Constitution marquant l’avènement d’une deuxième République, ainsi que l’élaboration d’un panel de réformes et de lois visant à l’amélioration de la situation économique et sociale. La nouvelle Loi fondamentale sera par la suite soumise au vote du peuple à l’occasion d’un référendum.
« L’Algérie restera une République démocratique. Nous ne toucherons pas aux constantes lors de la révision de la Constitution, mais tout le reste sera discutable », a-t-il affirmé. Une commission indépendante pour l’organisation des élections devrait également voir le jour, grâce à une loi établie par la conférence nationale. Ce n’est qu’à ce moment-là que la prochaine élection présidentielle pourrait se tenir.
Le droit ne doit pas être un obstacle, mais un moyen de construire un avenir meilleur. L’esprit des textes est avant tout de garantir la stabilité
Interrogé sur la constitutionnalité de la prolongation du quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, Lamamra a justifié cette initiative par les circonstances politiques. « Dans des situations de cette nature, les acteurs nationaux ont le devoir de faire preuve de créativité, a-t-il estimé. Le droit ne doit pas être un obstacle, mais un moyen de construire un avenir meilleur. L’esprit des textes est avant tout de garantir la stabilité et le fonctionnement normal des institutions. »
• Des modalités encore floues
Aucune date n’a pour l’instant été fixée pour le début des travaux de la conférence. Ce que précise cependant le ministre, c’est que ses membres ne seront pas élus, comme dans le cadre d’une Assemblée constituante, mais choisis lors de consultations internes. Cette conférence sera composée équitablement de membres proches du Front de libération nationale (FLN), de l’opposition et de la société civile.
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Ses modalités n’ont pas encore été précisément définies, mais elle pourrait être hybride et inclure des réunions à l’échelle aussi bien régionale que nationale. « Nous sommes extrêmement flexibles », a répété à plusieurs reprises l’interviewé. Le vice-Premier ministre a évoqué la possibilité de digitaliser une partie du fonctionnement, afin de faire participer le plus grand nombre et notamment d’attirer les jeunes.
La durée de cette conférence nationale reste également à déterminer. Si dans sa lettre, le président Bouteflika a fixé une date butoir à fin 2019, l’instance aura le pouvoir de renouveler son mandat, « car elle sera souveraine », a assuré Lamamra.
Avec la volonté, nous pouvons déplacer des montagnes. Il est même possible que la conférence finisse son travail plus tôt
Questionné sur la faisabilité de telles réformes en un laps de temps aussi court, le responsable est apparu très optimiste. « Avec la volonté, nous pouvons déplacer des montagnes, s’est-il avancé. Il est même possible que la conférence finisse son travail plus tôt et nous pourrons ainsi accélérer le processus. Nous souhaitons que tout cela aille le plus rapidement possible. »
S’agissant d’un possible boycott de l’opposition, Lamamra s’est encore une fois montré très positif : « Nous ne pouvons imaginer pour l’instant qu’elle refuse un tel projet », a-t-il assuré. L’exécutif s’est engagé à n’être qu’un simple observateur du travail de la conférence nationale. Des garanties de non-ingérence de l’administration seront également présentées par le président, a affirmé son vice-Premier ministre.
• Pas de dissolution du Parlement
Depuis quelques jours, plusieurs médias ont annoncé la dissolution imminente du Parlement par le chef de l’État. Une information catégoriquement démentie par Lamamra. « Le président a été clair : toutes les institutions continueront à fonctionner normalement pour assurer la continuité de l’État jusqu’à la prochaine élection. »
« Et si demain, malgré vos précisions, les Algériens sortent à nouveau manifester dans la rue ? », lui a alors demandé l’une des journalistes. « Eh bien, nous userons de tous les canaux de communication pour les convaincre », a-t-il conclu.
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Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie
Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.
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