Algérie – Lakhdar Brahimi : « J’espère que le président de la conférence nationale sera plus compétent que moi »

Lakhdar Brahimi, ancien ministre des Affaires étrangères et proche du président Bouteflika, a livré mercredi à la télévision nationale son ressenti sur la situation actuelle en Algérie. S’il a salué les réformes annoncées par le chef de l’État, il a démenti avoir été nommé président de la conférence nationale.

Lakhdar Brahimi, médiateur dans le conflit syrien jusqu’en 2014. © UN Photo/Jean-Marc Ferré

Lakhdar Brahimi, médiateur dans le conflit syrien jusqu’en 2014. © UN Photo/Jean-Marc Ferré

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Publié le 13 mars 2019 Lecture : 3 minutes.

Des manifestants contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, vendredi 1er mars à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA
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Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie

Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.

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Celui qui était pressenti pour présider la conférence nationale voulue par Abdelaziz Bouteflika, a commencé par démentir cette nomination – pourtant relayée par les agences de presse AFP et ReutersJeune Afrique vous résume en six citations le reste de son intervention.

J’espère que la personne qui sera désignée président de la conférence nationale sera beaucoup plus compétente et expérimentée que moi

« Je n’ai pas été désigné en qualité de président de la conférence. J’espère que la personne qui sera désignée sera beaucoup plus compétente et expérimentée que moi », a répété l’ancien ministre des Affaires étrangères. La conférence nationale doit réunir les représentants du pouvoir, de l’opposition et de la société civile. Elle sera chargée de superviser la transition, de rédiger la nouvelle Constitution et de fixer la date des futures élections.

Même si sa voix et ses jambes sont trop faibles pour faire un discours, la santé du président est stable

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Réputé proche du président Bouteflika, il s’est montré rassurant quant à l’état de santé de ce dernier. Il a assuré que contrairement à certaines informations, le chef de l’État jouissait pleinement de toutes ses facultés mentales. « La santé du président est stable. Sa voix et ses jambes sont trop faibles pour faire un discours, mais je vous assure qu’il possède 100 % de ses capacités intellectuelles », a soutenu le diplomate.

Nous sommes tous d’accord sur le fait que l’on refuse le cinquième mandat, mais un changement ne peut se faire en une journée

Interrogé sur le mouvement de contestation qui sévit en Algérie depuis le 22 février, Lakhdar Brahimi a estimé que les demandes du peuple sont légitimes. « Nous sommes tous d’accord sur le fait que l’on refuse le cinquième mandat, mais un changement ne peut se faire en une journée. Nous ne pouvons réaliser un changement radical en excluant tous les administrateurs, responsables, etc, sinon ce sera le chaos », a estimé l’ancien ministre. « Qu’est-ce qu’une année dans une vie humaine ? », s’est-il interrogé, en référence à la date butoir de « fin 2019 » fixée par le président pour la remise des conclusions de la conférence nationale.

La deuxième République est celle de la nouvelle génération, pas celle de Bouteflika

Dans la suite de l’interview, celui qui est l’un des rares à avoir régulièrement des entretiens individuels avec le président ne s’est pas abstenu de compliments sur sa démarche. « À mon avis, Bouteflika a bien fait. Je crois qu’il a donné ce qu’il avait à donner. Il a accepté les demandes du peuple. La deuxième République est celle de la nouvelle génération, pas la sienne. Il l’a fait par amour pour la patrie et il va rester pour assister à cette transition, mais il partira ensuite », a-t-il déclaré.

Comme ici, la révolte en Syrie a commencé par des fleurs. On voit où elle en est aujourd’hui !

Lakhdar Brahimi – qui était jusqu’en 2014 l’envoyé spécial de l’ONU en Syrie – a validé les propos de l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui avait comparé l’Algérie au pays de Bachar al-Assad, le 28 février devant l’Assemblée populaire nationale (APN). Il avait alors estimé que les manifestations en Algérie pourraient mener à un scénario à la syrienne. Cette déclaration lui avait valu de vives critiques des politiques, mais aussi de la rue algérienne. « Comme ici, la révolte en Syrie a commencé par des fleurs. On voit où elle en est aujourd’hui ! », s’est exclamé l’ancien émissaire onusien.

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