Olmert, comme Netanyahou

Publié le 21 décembre 2007 Lecture : 3 minutes.

À première vue, la conférence d’Annapolis organisée par les États-Unis le 27 novembre afin de relancer le processus de paix au Moyen-Orient n’aura pas été inutile. Palestiniens et Israéliens se sont retrouvés, comme il avait été décidé, le 12 décembre. Le 17, une conférence des pays donateurs réunie à Paris a permis à l’Autorité palestinienne d’engranger 7,4 milliards de dollars, sur trois ans. À l’initiative de Londres et de Washington, une autre conférence de suivi pour les investisseurs aura lieu dans trois mois, à Bethléem.
Pour ne pas être en reste, George W. Bush se rendra en Israël et dans les Territoires. Une première depuis qu’il est à la Maison Blanche. Objectif affiché : prolonger la dynamique d’Annapolis. La tournée, qui durera une bonne semaine (8-16 janvier), le conduira également au Koweït, à Bahreïn, dans les Émirats, en Arabie saoudite et en Égypte. Du beau monde, donc, sur les fonts baptismaux de l’État palestinien, mais ce serait miracle si celui-ci voyait le jour dans les délais fixés à Annapolis : avant la fin de 2008.
Les raids de l’armée israélienne à Gaza, mais aussi en Cisjordanie, risquent de tout remettre en question. Alors que se tenait la conférence de Paris, une série d’« assassinats ciblés » ont décapité le Djihad islamique. La mort de son commandant militaire, Majed al-Harazine, et celle de son adjoint ne demeureront pas impunies, a fait savoir l’organisation islamiste, qui annonce des opérations-suicides « en profondeur ». Tsahal justifie cette escalade par la recrudescence des tirs de roquettes Qassam sur la ville de Sderot, dans le Nord. À la fin du mois de novembre, on en avait recensé 664 depuis le début de l’année. Bilan : 2 morts et 122 blessés. En 2006, le nombre de tirs avait été de 836.
Mais c’est l’intensification préméditée de la politique de colonisation qui pourrait, comme l’écrit le Financial Times, balayer les faibles espoirs de paix nés à Annapolis. Ehoud Olmert, le Premier ministre israélien, s’est engagé le 27 novembre à geler la colonisation, conformément à la « feuille de route » de 2003. Mais dès le 4 décembre, il a donné son feu vert à la construction de 307 logements à Har Homa, vaste colonie jouxtant Jérusalem-Est. Har Homa est le nom hébreu de la montagne Jabal Abou Ghneim, au nord de Bethléem, qui fut annexée et rattachée au « Grand Jérusalem » après la guerre de 1967. La décision d’en faire un haut lieu de la colonisation remonte à février 1997, sous le gouvernement de Benyamin Netanyahou. 6 500 logements ont déjà été construits. Ils peuvent accueillir jusqu’à 30 000 colons.
L’initiative, on s’en doute, n’était pas innocente. L’objectif, à l’époque, était de saboter le processus de paix, qui paraissait en bonne voie. Hébron ayant été en grande partie rétrocédée aux Palestiniens, on s’apprêtait à engager les négociations sur le règlement définitif prévues par les accords d’Oslo Les bulldozers de Har Homa en décidèrent autrement. Ce fut le début de la fin du processus de paix.
À l’évidence, on assiste actuellement à un remake de ce mauvais coup. Alors que les négociations sur les frontières n’ont pas encore commencé, elles sont déjà obsolètes. Ce qui est en jeu à Har Homa, c’est l’établissement de Jérusalem-Est comme capitale du (futur) État palestinien. Har Homa est le dernier tronçon du mur de colonies qui encercle Jérusalem. Elle constitue le seul passage encore ouvert entre la Ville sainte et Bethléem (et, au-delà, la Cisjordanie). Son annexion prive l’État palestinien de capitale et de continuité territoriale.
En 1997, l’initiative intempestive de Netanyahou lui avait valu les remontrances publiques de Bill Clinton. Olmert ne craint rien de tel. En avril 2004, George W. Bush avait donné solennellement sa bénédiction à Israël concernant l’annexion des territoires palestiniens. Quitte à compromettre les chances de la paix.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires