Maaouiya Ould Taya

L’ancien président mauritanien coule des jours tranquilles à Doha.

Publié le 20 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

« Il ne veut voir personne. » Grand reporter dans un média panarabe, le journaliste qui rapporte ces propos de l’ancien président mauritanien Maaouiya Ould Taya affirme avoir sollicité « à plusieurs reprises » une rencontre avec l’ex-maître de Nouakchott. En vain. Depuis son arrivée, en août 2005, dans la capitale qatarie – quelques jours après avoir été déposé par une junte militaire dirigée par deux de ses plus proches collaborateurs -, Ould Taya, 64 ans, refuse obstinément de parler à la presse et évite tout contact avec ses compatriotes. Même ses rapports avec ses proches restés en Mauritanie se sont distendus. « Il n’a rien de l’exilé politique qui quémande les interviews », observe un diplomate maghrébin en poste à Doha, qui met le mutisme de l’ancien chef d’État sur le compte de sa « discrétion naturelle ».

De fait, avant son accession à la magistrature suprême à la faveur d’une révolution de palais, à la fin de 1984, cet officier timide et taciturne n’était déjà pas très porté sur les mondanités. Et ne le sera pas davantage après son arrivée au pouvoir. Aujourd’hui, il s’adonne à la lecture, regarde la télévision, s’occupe de sa femme et de deux de ses quatre enfants – dont l’un poursuit de brillantes études dans une prestigieuse université privée à Doha -, et pratique assidûment la natation. Plusieurs jeunes gens de la haute société qatarie affirment l’avoir croisé sur la plage réservée aux clients de l’hôtel Sheraton – situé sur le golfe Arabo-Persique -, où il avait séjourné plusieurs mois avant de s’installer dans une villa cossue, mise à sa disposition par l’émir Cheikh Hamed Ibn Khalifa Al Thani, à Errayan, dans la banlieue de Doha.
« Depuis, on ne le voit plus », note un golden boy de l’émirat. Ould Taya ne se rend jamais aux majalis, ces longues soirées autour d’un repas gargantuesque dont raffolent les dignitaires de la péninsule Arabique. Sauf ceux organisés par Cheikh Hamed en personne, qui entoure son « hôte » mauritanien d’une sollicitude particulière. En octobre dernier, l’émir a reçu en audience au palais l’ex-président. Officiellement, ce dernier est venu lui présenter ses voeux à l’occasion de la fin du ramadan. Pour la première fois depuis le début de l’exil de Ould Taya à Doha, les journaux locaux ont rendu compte de la rencontre. Des photos de l’ex-chef d’État, assis entre Cheikh Hamed et son fils Tamim, le prince héritier, ont été publiées à la une des principaux quotidiens nationaux.
À Nouakchott, d’aucuns en ont pris ombrage. Même si, dans les milieux dirigeants de l’émirat, on continue d’expliquer que « la distance » de Ould Taya avec les médias reflète « en partie » le souci du Qatar de préserver ses « rapports fraternels » avec la Mauritanie. À la question de savoir pourquoi il boude ses compatriotes, y compris ses propres partisans, la réponse est un peu différente. « Depuis l’assassinat, ici, du président tchétchène, Zelimkhan Landarbiev, en février 2004, on ne badine plus avec la sécurité de nos hôtes », assure-t-on à Doha. Quid d’un éventuel retour au pays ? Ce n’est pour le moment pas d’actualité, Ould Taya ne connaissant pas les intentions de l’actuel pouvoir à son égard.

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