Maroc Telecom rachète Tigo Tchad, un des derniers bastions de Millicom en Afrique

L’opérateur marocain a annoncé le 14 mars la signature d’un accord avec le groupe luxembourgeois Millicom en vue d’acquérir la marque Tigo au Tchad. Un achat qui permettrait à Maroc Telecom de poursuivre son offensive au sud du Sahara.

Le siège de Maroc Telecom à Rabat en mars 2017. © Vincent Fournier/Jeune Afrique-REA

Le siège de Maroc Telecom à Rabat en mars 2017. © Vincent Fournier/Jeune Afrique-REA

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Publié le 15 mars 2019 Lecture : 3 minutes.

Avec l’acquisition de la filiale locale du groupe luxembourgeois Tigo, Maroc Telecom compte faire du Tchad son dixième pays d’implantation sur le continent. Encouragé par de bons résultats l’année dernière (36 milliards de dirhams, soit 3,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018), le groupe poursuit donc son assaut sur les marchés subsahariens.

Une stratégie payante pour le groupe qui subissait une perte de vitesse de ses activités au Maroc : en 2018, 45 % de son chiffre d’affaires provenait de ses filiales africaines et de leurs plus de 19 millions de clients. En 2014, le groupe, déjà présent au Gabon (Gabon Télécom), au Mali (Sotelma), en Mauritanie (Mauritel) et au Burkina Faso (Onatel), a pris le contrôle de Moov en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Togo, au Niger, en Centrafrique et – encore – au Gabon.

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En intégrant le marché tchadien, Maroc Telecom s’offrirait le leader de la téléphonie et d’internet du pays (53,95 % de parts de marché en 2017, selon les chiffres de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes).

Désengagement progressif

Implanté dans le pays depuis 2005 Tigo Tchad compte 13 millions de clients. En 2018, son chiffre d’affaires s’élevait à 128 millions de dollars, un chiffre en baisse de 8,6 % par rapport à 2017, où il enregistrait déjà une baisse de 15,7 % par rapport à l’exercice précédent. Avec cette cession, qui doit encore être validée par les autorités tchadiennes, Millicom poursuit son retrait du continent africain, près d’un an après la finalisation de la cession de sa filiale sénégalaise au consortium composé des sociétés NJJ, la holding personnelle de Xavier Niel, Sofima, filiale du groupe Axian détenu par la famille Hiridjee et Teyliom Group, un fonds d’investissement contrôlé par Yerim Sow.

Le groupe luxembourgeois, qui a annoncé depuis plusieurs années son intention de se concentrer sur le marché latino-américain, qu’il juge plus rentable, car moins taxé et moins concurrentiel. Il s’est en conséquence désengagé de la RDC en avril 2016, en faveur d’Orange, du Ghana, en octobre 2017, cédant ses parts à Airtel, à qui il a également cédé sa filiale rwandaise deux mois plus tard.

Millicom n’est désormais plus présent qu’en Tanzanie, avec sa filiale à 100 % MIC Tanzania Public Limited Company, qui a réalisé en 2018 un chiffre d’affaires de 356 millions de dollars, en hausse de 2,3 % par rapport à 2017, et à Zanzibar, où l’opérateur possède 85 % de Zanzibar Telecom Limited.

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Vers la cotation en Tanzanie

En 2016, la filiale tanzanienne de Millicom a dû faire face aux « prétentions d’une tierce partie à exercer des droits dans sa gouvernance », suite à un « inexactitude dans les registres du commerce tanzaniens » attribuant à tort à cette dernière une part du capital de l’opérateur. « Le 26 juillet 2018, la cour d’appel de Tanzanie nous a donné raison », indique la société luxembourgeoise dans son rapport annuel, où la question d’un éventuel désengagement du pays n’est pas posé. Bien au contraire, la société indique son intention de « continuer à contrôler et à consolider MIC Tanzania Public Limited Company ».

>>> À LIRE : Télécoms : pourquoi les opérateurs rechignent à coter leurs filiales

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Millicom s’expose pourtant à des sanctions des autorités tanzaniennes – dont elle se dit incapable d’estimer l’impact financier-, à cause à son retard dans l’exécution de l’ouverture de 25 % du capital de MIC Tanzania sur le Dar es Salaam Stock Exchange, théoriquement obligatoire depuis 2017. L’opération de cotation a en effet été retardée du fait de cette erreur d’enregistrement dans les registres du commerce, précise la compagnie qui annonce sa cotation pour le premier semestre 2019.

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