Arts plastiques : le commissaire d’exposition nigérian Okwui Enwezor est mort

À peine un mois après le décès de Bisi Silva, son compatriote Okwui Enwezor est décédé le 15 mars, à l’âge de 55 ans.

Okwui Enwezor (à droite) à la Biennalle des arts de Venise, le 9 mai 2015, en compagnie du président de l’événement Paolo Baratta et de l’artiste américaine Susanne Ghez. © Luigi Costantini/AP/SIPA

Okwui Enwezor (à droite) à la Biennalle des arts de Venise, le 9 mai 2015, en compagnie du président de l’événement Paolo Baratta et de l’artiste américaine Susanne Ghez. © Luigi Costantini/AP/SIPA

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 15 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

Triste période pour l’art contemporain. En à peine un mois, l’Afrique vient de perdre deux de ses plus grands commissaires d’exposition, tous deux originaires du Nigeria.

Okwui Enwezor, était originaire de Calabar, où il était né en 1963. Il est décédé d’un cancer, ce 15 mars. Élevé à Enugu, Enwezor rejoint New York en 1982, obtient un diplôme en Sciences politiques, écrit de la poésie et des critiques d’arts. Au milieu des années 1990, il commence à organiser des expositions et crée Nka : journal of Contemporary African Art. En 1996, il organise au Guggenheim In/sight : African Photgraphers, 1940 to the present où l’on peut voir des images de Seydou Keïta ou Samuel Fosso.

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Sa carrière, ensuite, est jalonnée de commissariats tous plus prestigieux les uns que les autres : Biennale de Johannesburg (Afrique du Sud) en 1996, Dokumenta 11 de Cassel en 2002, Biennale de Gwangju (Corée du Sud) en 2008, Triennale Intense proximité au Palais de Tokyo en 2012. Directeur artistique de la Haus der Kunst de Münich, en Allemagne, depuis 2011, il avait dû quitter cette institution l’année dernière pour raisons de santé.

Des passionnés qui ont pulvérisé les frontières

En 2015, Okwui Enwezor avait été le commissaire de la 56e biennale de Venise, All the world’s future, sans doute la plus ouverte aux artistes contemporains africains jusqu’à ce jour. C’est d’ailleurs ce que l’on retiendra de son travail, comme de celui de sa consœur Olabisi Obafunke Silva, décédée le 12 février dernier à 56 ans, après une longue bataille contre le cancer : en une vingtaine d’année, ces passionnés ont réussi à pulvériser les frontières qui engourdissaient l’art contemporain.

Bisi Silva était la fondatrice et la directrice artistique du Centre for Contemporary Art (CCA) de Lagos, ouvert en 2007. Très active dans son pays, elle s’était illustrée à l’étranger comme commissaire ou commissaire associée de nombreux événements artistiques : The progress of Love aux États-Unis et au Nigeria en 2012-2013, J.D.’Okhai Ojeikere : Moments of Beauty en Finlande en 2011, Praxis : Art in Times of Uncertainty en Grèce en 2009, etc.

Réveil du monde artistique

En 2015, elle avait piloté la relance des Rencontres de Bamako avec l’idée bien arrêtée de clamer à la face du monde que l’islamisme pouvait être combattu avec les armes de la culture. À cette occasion, elle avait présenté une superbe exposition et un livre consacré à son compatriote le photographe J.D. ‘Okhai Ojeikere (1930-2014), montrant que son travail était loin de se réduire à des photos de coiffures traditionnelles.

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Non seulement Okwui Enwezor et Bisi Silva ont permis à de nombreux artistes non occidentaux de s’exprimer et d’acquérir une stature internationale, mais ce faisant, ils ont aussi réveillé, notamment en Occident, un monde artistique qui étouffait. À ce titre, il faut leur dire merci.

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