Les autres promesses du sous-sol

Outre la bauxite, dont la Guinée détient près des deux tiers des réserves mondiales, le pays recèle bien d’autres minerais dont l’exploitation pourrait doper le développement du pays.

Publié le 20 décembre 2007 Lecture : 3 minutes.

Trois milliards de tonnes de réserve de fer prouvées, d’une teneur exceptionnelle : la richesse de la chaîne montagneuse que forment les monts Nimba et Simandou, à la frontière avec le Liberia et la Côte d’Ivoire, constitue un véritable trésor pour la Guinée forestière. Quatrième région naturelle du pays, elle est considérée comme étant la zone la plus pauvre et la plus enclavée du territoire. Toutefois, son potentiel minier a permis d’échafauder deux projets d’envergure. Mais les longues périodes d’instabilité politique dans la sous-région, les changements répétés de responsables ministériels, la mauvaise gouvernance ainsi que la pratique de la corruption ont considérablement ralenti leur démarrage effectif. Si l’on considère le potentiel de la région forestière en minerai de fer, la concrétisation de ces deux projets aurait des retombées faramineuses pour le développement économique.
Le projet Euronimba prévoit de traiter le minerai de fer qui affleure au mont Nimba, où quatre gros gisements importants ont été identifiés. Le potentiel cumulé de ces gisements – baptisés Château, Pierre Richaud, Grands Rochers et Sempéré – est estimé à plus de 1 milliard de tonnes, dont 350 millions de tonnes de réserves prouvées.
Initié en 1973 après constitution d’une société d’économie mixte, Mifergui-Nimba, le projet se proposait d’extraire le minerai et à l’évacuer par le Liberia grâce à la ligne de chemin de fer qui relie la partie libérienne du massif au port de Buchanan. Mais les prétentions du Liberia ainsi que la concurrence du projet brésilien Carajas ont ruiné les ambitions guinéennes.
Le projet Euronimba a finalement revu le jour en avril 2003 avec la constitution d’un consortium composé de BHP Billiton, Newmont et Areva. Avec la Mifergui, Euronimba a créé la Societé des mines de fer de Guinée (SMFG), qui a la charge de mettre en uvre l’exploitation minière.
Parallèlement, un deuxième projet pharaonique envisage d’exploiter le fer des mines du mont Simandou, dont le potentiel est estimé à plus de 2 milliards de tonnes. Lancé en 1995, ce projet a été confié au géant Rio Tinto Alcan après signature d’une convention minière en novembre 2002.
L’exploitation de ces gisements est d’autant plus envisageable que l’hypothèse privilégiant l’extraction à ciel ouvert a été retenue, le minerai étant à fleur de roche. Reste la question épineuse de l’évacuation du minerai jusqu’à la mer, à près de 1 000 kilomètres de là. La mythique ligne de chemin de fer qui pourrait permettre l’expédition du minerai vers la côte Atlantique – le Transguinéen – reste suspendue à de multiples négociations entre les autorités guinéennes et les sociétés minières pour des raisons liées au montant de l’investissement, ainsi qu’à la prise de risques en rapport avec l’instabilité récurrente de la sous-région.
Le désenclavement de cette partie de la Guinée ne peut s’accélérer que grâce à ces projets d’exploitation du fer, même si le diamant, dont la région est riche, constitue le deuxième poste d’exportation, derrière la bauxite, pour l’État guinéen. Car l’extraction du diamant se fait à 95 % de façon artisanale. Au total, le cadastre minier enregistre quatre-vingt-dix permis de recherche. De bonne qualité, le diamant guinéen se trouve sous forme de gisements secondaires (kimberlitiques) ou primaires (alluvionnaires) et se destine en majorité aux industries étrangères de joaillerie. La filière est plutôt bien organisée : les chercheurs de diamants revendent leur production à des comptoirs agréés ou à des collecteurs qui servent alors d’intermédiaires.
La hausse des prix mondiaux de l’uranium commence également à faire rêver Conakry (voir encadré), surtout depuis l’annonce d’une découverte majeure par l’Australien Murchison en août dernier. Enfin, d’autres ressources pourraient aussi offrir un espoir de développement en Guinée. Quatre projets de recherche concernant les métaux de base (cuivre, nickel, cobalt) et le calcaire sont actuellement à l’étude.

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