Maroc : hécatombe de profit-warnings à la bourse de Casablanca

À la bourse de Casablanca, les profit-warnings s’enchaînent et touchent même les plus grosses capitalisations, au premier rang desquelles les entreprises ciblées par le boycott en 2018.

Bourse de Casablanca. © Alexandre Dupeyron pour JA

Bourse de Casablanca. © Alexandre Dupeyron pour JA

Publié le 15 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

Sur le site de la bourse de Casablanca, les profit-warnings prennent une place conséquente et s’enchaînent depuis quelques semaines. Sur les 76 sociétés cotées, 19 ont déjà alerté leurs actionnaires sur des baisses constatées par rapport à leurs indicateurs financiers relatifs à l’année 2018. Parmi elles, Wafa Assurances, Saham Assurances, Centrale Danone, Addoha, Sonasid ou encore Delattre-Levivier Maroc.

Une succession de mauvaises nouvelles pour la place casablancaise, qui a perdu presque 4 % sur le mois de mars. « Cette année, les grosses capitalisations sont aussi concernées par les profit-warnings, qui impactent logiquement l’ensemble du marché », indique un analyste financier.

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Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer les difficultés du dernier exercice. « Les petites capitalisations ont pâti d’une mauvaise conjoncture certes, mais aussi du refroidissement que nous observons dans le milieu des affaires depuis la campagne de boycott que le pays a connu à partir du mois d’avril. Cette période a fait beaucoup de mal à l’économie du pays », remarque un analyste financier.

Boycott, contrôles fiscaux, mauvaise conjoncture…

Les entreprises qui ont été ciblées par cet événement inédit ont d’ailleurs été les premières à émettre des profit-warnings et leurs résultats ont considérablement baissé. Le chiffre d’affaires de Centrale Danone a reculé de 27 % pour s’établir à 4,76 milliards de dirhams et l’entreprise a enregistré un déficit de 538 millions de dirhams. La filiale du géant français a, visiblement, été celle qui a le plus souffert en 2018, sur l’ensemble du marché. Les Eaux minérales d’Oulmès ont accusé le coup certes, mais s’en sortent avec un résultat positif, malgré un chiffre d’affaires en recul de 19,7 %.

Mais ce n’est pas la seule explication. La tournée des agents du fisc opérée entre la fin 2018 et le début de l’exercice actuel a elle aussi coûté quelque 400 millions de dirhams à différentes entreprises. « Les contrôles fiscaux se sont multipliés ces dernières années, et ça deviendra une habitude. Les entreprises n’ont qu’à bien se préparer et essayer d’être davantage prudentes », alerte notre interlocuteur.

>>> À LIRE  : Addoha, Lesieur Cristal, Saham… Ces entreprises pour lesquelles le fisc marocain a sévi en 2018

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Des alertes utiles ?

Saham Assurance a souffert, en plus du contrôle fiscal qui l’a visé, d’une hausse fulgurante de la sinistralité constatée dans l’ensemble du secteur des assurances. La nouvelle filiale du sud-africain Sanlam a vu son résultat net baisser de 8,5 % pour s’établir à 403 millions d’euros. Sa principale concurrente, Wafa Assurance a, elle aussi et inhabituellement, alerté ses actionnaires. La filiale d’Attijariwafa Bank, a estimé l’impact de cette augmentation des sinistralités à plus de 350 millions de dirhams.

Mais ces annonces sont très critiquées par les différents acteurs du marché des capitaux. « Il n’y a aucune logique à publier un profit-warning à une semaine de la publication des résultats, ni même à quatre semaines. L’actionnaire veut avoir l’info avant la fin de l’exercice concerné, ou au pire au tout début du suivant. Le gendarme de la bourse n’est malheureusement pas très regardant sur ce point précisément », déplore notre analyste.

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