Congo Brazzaville : high-tech version bantoue

Les labos universitaires et les PME fourmillent de projets innovants, en République du Congo. Avec une meilleure organisation et un peu plus de reconnaissance, ils pourraient donner un sérieux coup de pouce au développement du pays.

Le Congo Brazzaville prévoit de rejoindre le club des pays émergents en 2025. © BantuHub

Le Congo Brazzaville prévoit de rejoindre le club des pays émergents en 2025. © BantuHub

ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 21 août 2014 Lecture : 3 minutes.

Comme dans la plupart des pays du continent, le mot « émergence » est devenu à la mode au Congo. Si tous ses projets et ambitions se concrétisent, la nation prévoit de rejoindre le club des pays émergents en 2025. Est-ce crédible ? « On n’émerge pas en claquant des doigts ! » répond un cadre brazzavillois, sceptique.

Dans le camp des optimistes, on se dit que c’est possible, au vu des récents progrès du pays, de la dynamique entrepreneuriale qui semble enfin germer, de l’arrivée de la 3G et, bientôt, de la fibre optique… Mais aussi de la capacité d’innovation des Congolais, qui pourrait donner un sérieux coup de pouce, très high-tech, à cette émergence.

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Dur comme fer

Bruno Jean Richard Itoua, le ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique, y croit dur comme fer. « Le président a proposé à la nation un projet de société clair. Il a mesuré la teneur et la portée de cette ambition d’émergence pour le Congo. Nous sommes au coeur de ce projet dans mon ministère. Avec l’Unesco, notre partenaire, nous travaillons à sa construction. »

Dispositif antiélectrocution, robot pour tamiser le foufou, détection de faux billets…les inventeurs touchent à tout.

Depuis deux ans, le ministère s’est en effet attelé à réorganiser la recherche et l’innovation. Comment éviter la dispersion des énergies ? Comment multiplier les passerelles entre recherche scientifique « pure » et recherche et développement (R&D, c’est-à-dire ses applications, des produits et services innovants pour l’économie et la société) ? Comment rapprocher les laboratoires de recherche académiques des milieux économiques ? Comment rendre la science et l’innovation populaires ? « Ce travail nous a conduits à faire des efforts dans notre communication, en menant des actions de sensibilisation et de vulgarisation auprès du grand public », explique Bruno Jean Richard Itoua.

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Recomposer le système institutionnel de recherche

L’accent a été mis sur la recomposition du système institutionnel de la recherche, qui était complètement engorgé et surchargé, pour lui redonner une ossature cohérente et efficace. Elle repose désormais sur sept instituts, ainsi que sur deux agences de valorisation, une société pour la production de médicaments antipaludéens et un fonds de financement.

Sur les sept instituts, quatre existent depuis 2002 : l’Institut national de recherche agronomique (IRA, dont le siège est à Oyo), l’Institut national de recherche en sciences exactes et naturelles (à Pointe-Noire), l’Institut national de recherche forestière (à Ouesso) et l’Institut national de recherche en sciences de la santé (à Brazzaville). La Société de recherche et de technologies pharmaceutiques (Soretep) a quant à elle été créée en février.

« Notre objectif est de doter la recherche de moyens de travail adéquats et d’équipements modernes, sans oublier de réhabiliter ceux qui se dégradent », souligne le ministre. Le but étant d’augmenter et d’améliorer la production scientifique, ainsi que la place de l’innovation dans les secteurs prioritaires pour le pays : la sécurité alimentaire, la santé, la gestion durable de la forêt, l’industrie, les technologies de l’information et de la communication… Mais pour Bruno Jean Richard Itoua, « le vrai combat se déroule désormais dans les ressources humaines : il faut convaincre les plus intelligents des Congolais que la recherche est un secteur porteur ».

BantuHub et l’avant-garde du numérique à Brazzaville

Situé dans le centre de Brazza, à Plateau-Ville, le BantuHub met à la disposition de ses membres 300 m² d’espaces de travail flambant neufs (connectés évidemment) et de salles de réunion pour recevoir des clients, des partenaires ou des investisseurs.

La plupart des adhérents étant en phase de création d’entreprise ou étudiants, les tarifs sont modulables et raisonnables (par exemple 35 000 F CFA par mois, soit 53,35 euros, pour 25 heures par semaine).

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Vitamines

Il semble avoir été entendu, puisque son ministère a reçu de nombreux dossiers de demande d’aide au financement de projets innovants. Ils émanent de laboratoires de recherche et de développement académiques, d’entreprises ou d’inventeurs, et portent sur des applications particulièrement variées : appareil de sécurité contre l’électrocution, minirobot manuel pour tamiser le foufou, chaise révolutionnaire (déjà brevetée), incubateur pour la culture et la valorisation du moringa (arbre dont les feuilles sont riches en vitamines et en protéines), substance chimique pour détecter les faux billets, etc.

Dans le domaine agricole, l’IRA a développé des boutures et plants de manioc in vitro pour les agriculteurs, ainsi que des semences de nouvelles variétés de maïs, de soja, d’arachide, de riz et de haricots. Parallèlement, des exploitants ont reçu des formations sur la lutte contre la mosaïque du manioc, sur les bonnes pratiques agricoles, la multiplication rapide du bananier ou sur les nouvelles technologies.

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