Tunisie : Qadiroune, le nouveau mouvement politique qui mise sur la démocratie participative
Des hommes politiques, mais aussi des représentants de la société civile ou encore des hauts commis de l’État, ont lancé dimanche 17 mars Qadiroune, une nouvelle initiative qui entend se démarquer d’une offre pré-électorale pléthorique en mettant en avant la démocratie participative.
« Une Tunisie différente ; une Tunisie meilleure est possible », lance avec énergie Faouzi Charfi, dirigeant du parti Al Massar, devant un parterre de spectateurs de tous âges et venus de toute la Tunisie. Il donne envie d’y croire. Mais le slogan de Qadiroune, qui signifie « on est capables », sera-t-il aussi efficace que le fameux « Yes we can » triomphal de Barack Obama ?
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Le mouvement, qui ambitionne de rafler des sièges à l’Assemblée, affiche en tous cas sa volonté et pose un diagnostic sans concession. « Le pays est à la croisée des chemins. La situation est catastrophique, les fondamentaux sont touchés. Nous avons besoin d’un sursaut et n’avons d’autre choix que de nous rassembler. Les Tunisiens paient chèrement les conséquences de l’éparpillement des voix lors des scrutins de 2011 et 2014 », glisse un participant, qui approuve cette coalition « des forces patriotiques, démocratiques et progressistes ».
Faire de la politique autrement
Avec l’idée de faire de la politique autrement, Qadiroune mêle société civile, indépendants et membres de partis, avec une offre axée d’abord sur les principes de la démocratie participative et sur des valeurs de « probité, de compétences et de patriotisme ». Une démarche qui prend une résonance particulière pour les Tunisiens, dont nombreux se disent excédés par l’hégémonie de certains partis et l’incapacité de ces derniers à traduire en décisions les demandes de justice et d’équité portées par la révolution.
Son programme vise à remettre le pays sur les rails à travers un projet de société basé sur la production, l’emploi et une modernisation de l’administration
« Nous avons trouvé des gens qui nous ressemblent », confie avec un large sourire Randa Aouadi, venue du Kef. L’initiative se présente effectivement comme l’aboutissement de réflexions menées avec les régions et les secteurs, dans l’objectif de faire remonter les informations et de recueillir l’assentiment le plus large autour d’un programme. Ce dernier vise à remettre le pays sur les rails à travers un projet de société basé sur la production, l’emploi et une modernisation de l’administration, ainsi qu’une refonte de la vie politique orientée vers l’assainissement et une révision des liens entre les milieux politiques et l’argent. Des objectifs que le nouveau mouvement estime réalisables sur un quinquennat.
Pas de chef mais une direction élargie
Le propre de cette initiative est qu’elle n’émerge pas d’un seul chef, mais d’un noyau opérationnel composé de représentants de la société civile, comme Lobna Saïdi, de noms du milieu politique, tel Ahmed Nejib Chebbi et les anciens ministres Mahmoud Ben Romdhane et Ahmed Smaoui, ainsi que de personnalités dont l’ancien gouverneur de la Banque centrale Mustapha Kamel Nabli, l’ancienne patronne de Tunisair Sarra Rejeb, ou encore Leith Ben Becher, fondateur et ancien président du syndicat d’agriculteurs Synagri – celui-ci désignant Qadiroune comme « un collectif participatif reposant sur des bases éthiques et programmatiques ».
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Le ton comme le programme se veulent novateurs et concis, mais surtout assez rassurants. Reste désormais à Qadiroune à se faire une place dans un paysage politique confus où plus de 210 partis, dont la plupart sont inaudibles, ont des prétentions électorales. Le collectif devra faire face à une campagne où tous les coups sont permis, mais « la Tunisie mérite que l’on s’engage », conclut Leith Ben Becher.
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