Algérie : le « dilemme » du clan Bouteflika pour la formation du gouvernement

Entamées dimanche 17 mars, les consultations pour la formation d’un gouvernement « de compétences nationales et de large ouverture », annoncée la semaine dernière par le président Bouteflika, comptabilisent déjà plusieurs refus de participation. Explications.

Le nouveau Premier ministre, Nouredine Bedoui (à dr.), et son Vice-Premier ministre Ramtane Lamamra, lors d’une conférence de presse organisée jeudi 14 mars 2019 à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA

Le nouveau Premier ministre, Nouredine Bedoui (à dr.), et son Vice-Premier ministre Ramtane Lamamra, lors d’une conférence de presse organisée jeudi 14 mars 2019 à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA

Publié le 18 mars 2019 Lecture : 3 minutes.

Des manifestants contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, vendredi 1er mars à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA
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Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie

Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.

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« Nous avons commis une erreur monumentale en faisant des offres de concertation à des personnalités et organisations qui ont déjà refusé la feuille de route du président de la République », avoue une source au niveau du Premier ministère, qui pense que cette cascade de rejets va avoir un impact négatif sur la concrétisation du reste des engagements d’Abdelaziz Bouteflika.

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Au Premier ministère, tous les conseillers sont mis à contribution pour trouver une solution urgente susceptible de sauver la face, confie à Jeune Afrique un ex-ministre du Rassemblement national démocratique (RND), parti d’Ahmed Ouyahia.

« Contournement » et « zizanie »

Entre dimanche et lundi, des invitations adressées à 13 syndicats autonomes relevant de la santé publique, de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, ont toutes été déclinées. La formation d’un nouveau gouvernement sous la tutelle du pouvoir en place est « une tentative de contournement des revendications du peuple que nous devons défendre. C’est aussi une démarche visant à semer la zizanie au sein du mouvement populaire », estime Abdelmalek Azzi, coordinateur national du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes).

Nous sommes contre le prolongement du quatrième mandat, et de ce fait pour une rupture totale et définitive de cette façon de gérer le pays

Dans cette quête de formation d’un gouvernement consensuel, Noureddine Bedoui a recours à plusieurs intermédiaires. Lyes Merabet, secrétaire général du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), raconte qu’il a été contacté par le ministère de la Santé pour une rencontre ce lundi avec le nouveau Premier ministre. À qui il a opposé un refus catégorique : « Nous sommes contre le prolongement du quatrième mandat, et de ce fait pour une rupture totale et définitive de cette façon de gérer le pays. Ces conditions ne sont pour l’instant pas remplies », justifie-t-il.

« Les conditions ne sont pas propices »

La démarche de Noureddine Bedoui s’est heurtée à une réponse similaire de la part du Syndicat national algérien des pharmaciens d’officine, considérant que « les conditions actuelles ne sont pas propices à un vrai débat démocratique, apte à mener vers des solutions en phase avec les revendications et les attentes du peuple. Les compétences et les organisations professionnelles doivent être consultées et associées dans le cadre d’un changement, et non dans la continuité. »

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>>> À LIRE – Mobilisation anti-Bouteflika : qui sont les frondeurs du FCE, le patronat algérien ?

Sollicités également, plusieurs membres dissidents du Forum des chefs d’entreprises (FCE) ont refusé, apprend Jeune Afrique, de prendre part à ces consultations – à l’instar de Hassen Khelifati, patron d’Alliances Assurances, qui a gelé son appartenance au syndicat patronal le 2 mars dernier et marché dès le vendredi suivant aux côtés des manifestants.

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Le départ de Bouteflika comme préalable

Les consultations en cours pour la formation d’un nouveau gouvernement devraient s’étendre dans les prochains jours aux représentants de la société civile et aux formations politiques. Ceux de l’opposition ont déjà affiché leur position : le départ de Bouteflika est un préalable à toute action de sortie de crise.

Si nous ne les associons pas, nous serons accusés de les exclure. Si on les convie, je pense qu’ils vont refuser de s’asseoir autour de la même table que nous

« Nous sommes face à un dilemme : si nous ne les associons pas, nous serons accusés de les exclure. Si on les convie, je pense qu’ils vont refuser de s’asseoir autour de la même table que nous. On est donc en train de calculer les risques de chacune des deux options », explicite notre source à la Primature.

Noureddine Bedoui est confronté, en outre, à la désaffection des organisations crédibles de la société comme les différentes organisations des droits de l’homme (LADDH et LADH), des familles de victimes du terrorisme (Djazairouna), des familles de disparus, le Rassemblement-Actions-Jeunesse (RAJ) et les associations de femmes comme Tharwa Fatma N’soumer et le réseau Wassila. Ces différentes organisations ont signé ce lundi une feuille de route pour une transition démocratique en dehors de la tutelle du régime en place. Première des six étapes : le retrait de l’actuel président de la République à la fin de son mandat, prévue le 27 avril prochain.

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