[Chronique] Burundi : crime de lèse-Nkurunziza
Gribouiller une photographie du président de la République burundaise confine au sacrilège. Des lycéens viennent de nouveau d’en faire les frais…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 20 mars 2019 Lecture : 2 minutes.
En début de semaine dernière, sept élèves d’une école burundaise de Kirundo étaient interpellés sur ordre du procureur, accusés d’avoir gribouillé, dans cinq manuels scolaires de sciences humaines, des photos du président Pierre Nkurunziza. La majorité pénale étant fixée à 15 ans au Burundi, un garçon de 13 ans a été libéré, tandis que six collégiennes âgées de 15 à 19 ans ont été placées en garde à vue. Ce 18 mars, ce sont finalement trois élèves qui comparaissaient devant la justice. Leur sort devrait être connu dans la semaine.
>>> À LIRE – Burundi : l’ONU ferme définitivement son bureau des droits de l’homme à Bujumbura
Face aux accusations de susceptibilité excessive du président de la République, les flagorneurs rétorquent qu’il s’agit moins d’un culte de la personnalité que d’un respect nécessaire des manuels scolaires. L’argument pourrait être entendu, sauf que c’est bien pour « outrage au chef de l’État et atteinte à la sûreté intérieure de l’État » qu’onze lycéens burundais avaient été jugés, dans la ville de Muramvya en juin 2016, pour des faits similaires de « profanation » de l’auguste visage. Condamnés à plusieurs années de prison pour gribouillis, les adolescents n’avaient été blanchis que sous la pression d’une communauté internationale indignée.
Inviolabilité absolue
Si l’on ne doit pas maquiller la représentation du magistrat suprême, on ne doit évidemment pas toucher non plus son corps « en vrai », même dans le cadre d’un jeu auquel il se prête. En mars 2018, deux hommes étaient écroués pour avoir « permis » que Pierre Nkurunziza soit physiquement malmené au cours d’un match de football.
Quelle leçon de sciences humaines nécessite le recours à un portrait du président en exercice ?
Même si ce principe d’inviolabilité absolue de l’image présidentielle semble désuet, chaque nation peut rétorquer qu’elle a le droit de sanctifier ses fonctions suprêmes et ceux qui les incarnent. Une interrogation demeure pourtant : quelle leçon de sciences humaines nécessite le recours à un portrait du président en exercice ? Pierre Nkurunziza est-il un cas de psychologie ou de philosophie ? De science politique, sans doute…
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