Algérie : « Seddik Chihab n’a fait que répercuter un débat en cours au sein du RND »
Dans un communiqué diffusé ce mercredi, le Rassemblement national démocratique (RND) a désavoué son porte-parole Seddik Chihab. Ce dernier avait déclaré la veille que le soutien de son parti à la candidature de Bouteflika à un cinquième mandat était une erreur au vu de son état de santé.
Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie
Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.
Seddik Chihab, réputé discipliné et mesuré, a également soutenu sur le plateau d’El Bilad TV que des « forces extra-constitutionnelles » se sont emparées du pouvoir depuis au moins cinq ans. « Ces forces, non organisées, non structurées et qui sont partout, ne s’accommodent pas de partis politiques », a-t-il lâché. Et de poursuivre sur sa lancée : « Nous avons manqué de perspicacité. Mais à notre décharge, il y avait un climat et un entourage qui nous ont poussé dans cette direction. »
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Ces aveux troublants émanant du bras droit d’Ahmed Ouyahia, secrétaire général du parti et ex-Premier ministre d’Abdelaziz Bouteflika, ont soulevé de nombreuses interrogations chez les militants, qui ont réclamé le soir même de la transmission de l’émission des explications à leur direction.
Pour le RND, une « réaction émotive »
Portant le sigle du parti – mais non signé – un communiqué du RND a été rendu public ce mercredi en fin de matinée. Il assure que les propos de son porte-parole ne reflètent pas la position de la formation, qui reste en accord avec la ligne définie par le chef de l’État pour mener la « transition démocratique ».
Chihab n’est pas du genre à se laisser emporter par ses émotions, réplique un député RND
« Dans un débat orienté et où il y avait de la provocation, notre collègue a été poussé vers une réaction émotive et parfois à un éloignement des positions connues du parti », tempère la formation de l’ex-chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, débarqué de son poste le 11 mars dernier et remplacé par le duo Bedoui-Lamamra – respectivement Premier ministre et Vice-Premier ministre.
« Seddik Chihab n’a fait que répercuter un débat en cours au sein du parti. Le RND soutient le président de la République par opportunisme et non par conviction », confie pourtant à Jeune Afrique un membre du bureau politique. « Chihab n’est pas du genre à se laisser emporter par ses émotions », renchérit un député RND.
« Qu’ils soient patients », tempère Mellah
Membre fondateur du Rassemblement national démocratique et ex-membre de la direction de campagne d’Abdelaziz Bouteflika, Belkacem Mellah n’a pas non plus douté un instant de la concordance des propos de Seddik Chihab avec la position du parti. « J’aurais aimé qu’Ouyahia exprime son lâchage de Bouteflika quand il était Premier ministre. Car il était alors au centre des décisions et du pouvoir », assène-t-il.
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Belkacem Mellah, qui fustige « ceux qui disaient Fakhamatou al raïs [son excellence le président] » et qui aujourd’hui lâchent Abdelaziz Bouteflika, précise toutefois rester fidèle au président jusqu’au 28 avril prochain, date de la fin de son mandat. « Qu’ils soient patients. Il ne lui reste qu’un mois », dit-il, sous-entendant que l’actuel chef de l’État cédera le pouvoir à cette date-là.
Signaux contradictoires du pouvoir
Difficile pourtant de se fier à l’une ou l’autre hypothèse, tellement les signaux venant des centres de décisions sont contradictoires et fluctuent au gré des coups de pression des rassemblements populaires. C’est ainsi que Belkacem Sahli, le secrétaire général de l’Alliance nationale républicaine, un parti pro-pouvoir, défend désormais l’idée d’un gouvernement d’union nationale à caractère politique, présidé par une personnalité indépendante consensuelle. Proposition à contre-courant des concertations en cours menées par le Premier ministre Nouredine Bedoui pour former un gouvernement de technocrates.
Ahmed Ouyahia a pressé le pouvoir de fixer un agenda et d’arrêter des mesures concrètes pour mettre fin aux marches des vendredis et éviter des dérapages
De son côté, Ahmed Ouyahia, en tant que secrétaire national du RND, a pressé le pouvoir, dans une lettre adressée dimanche aux militants, de fixer un agenda et d’arrêter des mesures concrètes pour mettre fin aux marches des vendredis et éviter d’éventuels dérapages.
Depuis Berlin où il effectuait une visite officielle, le vice-Premier ministre, également chargé des Affaires étrangères, Ramtane Lamama, a réaffirmé ce mercredi que le président de la République ne cédera le pouvoir qu’après l’élection d’un nouveau président, suite à la tenue de la conférence nationale et l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Un processus qui pourrait durer jusqu’à deux ans, estime l’opposition.
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