Zouheir Yahyaoui libéré

Publié le 24 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Le 18 novembre à 12 h 37, l’ex-juge Mokhtar Yahyaoui, révoqué du corps de la magistrature en 2002, a diffusé sur le forum du site TUNeZINE, fondé deux ans auparavant par son neveu Zouheir Yahyaoui, mais interdit par les autorités tunisiennes, le message suivant : « Zouheir est arrivé à la maison. Je viens de lui parler. Merci à tous ceux qui l’ont soutenu. »
Passée sous silence par les médias locaux, cette libération a eu un large écho à l’étranger, grâce à la Toile et au réseau des organisations de défense des droits de l’homme. Le cyberdissident, aujourd’hui âgé de 35 ans, avait été condamné le 1er juillet 2002 par la cour d’appel de Tunis à une peine de deux ans de prison ferme pour « propagation de fausses nouvelles dans le but de faire croire à un fait criminel » et « utilisation frauduleuse de lignes téléphoniques appartenant à autrui ». Il venait de diffuser sur son site une lettre ouverte de son oncle au président de la République critiquant le manque d’indépendance de la justice.
Zouheir Yahyaoui, qui a purgé plus de la moitié de sa peine, condition requise pour une libération conditionnelle, a fait trois grèves de la faim pour demander sa libération et protester contre les conditions de sa détention à la prison Borj el-Amri (à 30 km de Tunis). Sa compagne française, Sophie Peacareck, qui avait relancé depuis la France, sous le pseudonyme de Sophie el-Warda, le site TUNeZINE après qu’il eut été verrouillé par les autorités tunisiennes, a été refoulée en juin dernier à l’aéroport de Tunis-Carthage. C’est elle qui avait reçu, le même mois, à Paris, le prix Cyberliberté, décerné à son compagnon.
Les organisations de défense des droits de l’homme, dont la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et Reporters sans frontières (RSF), ont longtemps accusé le gouvernement d’avoir privé Zouheir Yahyaoui de sa liberté d’expression en tant que journaliste sur Internet. Mais le gouvernement ne reconnaît pas à celui-ci un tel statut et affirme qu’il est seulement employé d’un cybercafé.

L’Association des journalistes tunisiens (AJT), quant à elle, n’a jamais pris sa défense, comme elle n’a jamais pris la défense d’aucun journaliste qui a eu maille à partir avec le pouvoir. La libération du cyberdissident intervient à quelques jours de la visite officielle du président français Jacques Chirac en Tunisie (3 et 4 décembre) et du premier sommet du Forum des pays de la Méditerranée occidentale, qui se tiendra à Tunis, les 5 et 6 décembre. La Tunisie accueillera aussi, en novembre 2005, la seconde phase du premier Sommet mondial de la société de l’information.

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