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Publié le 24 novembre 2003 Lecture : 6 minutes.

L’espoir fait vivre
Il y a quelques années, la Côte d’Ivoire faisait figure de vitrine prospère de l’Afrique de l’Ouest. Le pays était engagé dans un processus de développement positif. Mais les événements tragiques du 19 septembre 2002 l’ont fait basculer dans la guerre civile. On ne saurait enrayer cette guerre par un coup de baguette magique. Mais les efforts actuels permettront au pays de sortir de l’impasse. Avec le retour de la paix tant prisé, il peut envisager un avenir prometteur. Alors bon courage…

Air Togo : précisions
Suite à votre « confidentiel » sur Air Togo (J.A.I. n° 2235), je me permets de vous éclairer sur l’activité de cette compagnie que je dirige. Air Togo est une compagnie aérienne créée en 1998. Elle opère avec deux Airbus gros-porteurs : deux vols par semaine sur Paris depuis le 15 décembre 2001 sans aucune interruption. Grâce à elle, les prix des billets restent à la portée de nombreux Togolais. Air Togo, dont le siège est à Lomé, emploie 28 personnes dont 8 agents de l’ex-Air Afrique. Membre de l’IATA, elle assure 24 % du marché, et ses avions sont conformes aux normes européennes JAROPS1.
Le partenariat avec Eagle Aviation (France) se concrétise par l’emploi de 10 pilotes Airbus-310 et 7 autres agents techniques de l’ex-Air Afrique. À noter que tous les postes de responsables de la compagnie Eagle Aviation sont tenus par des agents de l’ex-Air Afrique, dont l’expertise dans le transport aérien est reconnue par tous.

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Hommage à Kacimi
L’oeuvre de Mohamed Kacimi est pluridimensionnelle (voir « Adieu », J.A.I. n° 2234). Elle enthousiasme ou indispose, elle apaise ou elle questionne. Mais, dans tous les cas de figure, c’est un artiste qui travaillait avec coeur. Mort non pollué par la vie, Kacimi a su éviter les pièges tendus par les iconoclastes et les corrupteurs de consciences, qui n’excellent que dans l’art d’enterrer les artistes. Ce fils du peuple, bien enraciné dans sa terre et rattaché à sa culture, n’exposait que ce qu’il aimait.
Au fil des vernissages, j’ai pu sentir son angoisse, malgré sa sérénité. Sa patience est à toute épreuve. J’ai toujours apprécié sa disponibilité d’esprit. Il aimait philosopher joyeusement et parler de ce qui fait la spécificité de son pays. Il rêvait de centres culturels implantés dans toutes les capitales du monde, mais ses rêves ont buté contre le roc glacé de l’indifférence. Si on l’avait écouté, le Maroc culturel en aurait été encore plus rayonnant.
Kacimi avait le sens inné du partage, il ne pouvait supporter l’étourdissement et le dépérissement de jeunes talents, dont il était un des éclaireurs les plus attentionnés. Il a exercé son art avec fougue et conviction. Il est parti sans faire de bruit. Il laisse une oeuvre respirant l’air libre.

Bush et les Arabes
Le discours de Bush sur la démocratie dans le monde arabe (J.A.I. n° 2236) est historique :
– – Les États-Unis confirment qu’ils se sont accordé le statut d’« agence de notation des démocraties » !
– Pour la première fois, un président américain a critiqué la politique de ses prédécesseurs à l’égard du monde arabe en reconnaissant certaines erreurs.
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– Pour la première fois, un président américain a critiqué la politique de ses prédécesseurs à l’égard du monde arabe en reconnaissant certaines erreurs.
– Bush a jugé sévèrement l’un de ses principaux alliés dans la région : l’Égypte.
À propos des raisons de la guerre, je m’étonne qu’Evgueni Primakov [voir « À propos des raisons de la guerre, je m’étonne qu’Evgueni Primakov [voir « Ce que je crois » du même numéro] n’en cite pas la principale : au lendemain du 11 septembre 2001, les Américains ont décidé de faire de l’Irak leur principal allié arabe dans la région à la place de l’Arabie saoudite. Ce qu’a confirmé Martin Indyck, secrétaire d’État adjoint, le 18 novembre : « Maintenant que nous avons la mainmise sur le pétrole de l’Irak, nous devrions cesser de considérer l’Arabie saoudite comme un allié stratégique ! »

Corrompus et fiers
Dans « Ce que je crois » du n° 2231, B.B.Y., commentant le rapport annuel de Transparency International sur la corruption, fait remarquer que les États où la corruption sévit le plus sont en bas de l’échelle du développement et que les moins corrompus sont riches et développés : juste constat. Mais je suis loin de croire que la lutte contre la pauvreté et le sous-développement fera disparaître la corruption. Certes, la corruption est partout condamnée dans les discours politiques, mais elle reste vivace sur le terrain. Les corrompus ne sont point inquiétés. Au contraire, ils vivent la tête haute.

Guerre et paix
Grande est ma joie de vous écrire aujourd’hui. Je suis un fidèle lecteur de votre magazine. Je viens par ce message vous féliciter du travail que vous accomplissez en faveur du continent africain. J’en profite pour vous faire parvenir ces petites réflexions sur la guerre en Côte d’Ivoire.
La guerre et la paix sont des soeurs jumelles. La guerre est la condition sine qua non de la paix. Il n’y a pas de paix sans guerre. Je n’ai pas à me plaindre de la guerre ici ou là puisqu’elle précède la paix. Supposez un instant qu’il n’y ait plus de guerre dans le monde, qui désirerait la paix ? Qu’adviendrait-il du mot « paix » ? Il n’aurait plus aucun sens.
L’Histoire nous enseigne néanmoins que tous les pays ont connu dans leur évolution des moments d’obscurité, de guerre. Exemple : la Révolution française et la guerre de Sécession aux États-Unis. Il ne faut pas craindre ce qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire, puisque la paix est pour demain. Prions seulement que de cette guerre sorte un bon fruit, une vraie démocratie.

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Malte la tunisienne
À l’occasion d’un voyage à l’île de Malte, j’ai eu l’heureuse surprise de constater qu’une grande partie de la langue maltaise est empruntée au dialecte tunisien. C’est bien dommage que la Tunisie et Malte ne nouent pas de relations socioculturelles et politiques plus étroites.

Mauritanie : fin de l’opposition ?
« Et la jeunesse devint… Satan », c’est la tribune que je signais en 1992 dans Mauritanie Nouvelles, un journal qui n’existe hélas ! plus. C’était au lendemain de la première présidentielle libre. J’étais témoin, depuis Sélibaby dans le Sud, de l’émulation qui s’emparait de tout un peuple. Des jeunes en particulier. Après la chute en juillet 1978 de Moktar Ould Daddah, le pays n’avait connu que les austères voix militaires. À l’époque, j’avais souligné le manque de maturité. Des hommes répudiaient leurs épouses, poussaient à la porte leurs enfants… pour divergence d’opinion politique. Douze ans après, le fait n’a pas disparu. Parce que voter, c’est s’offrir une bourse, des largesses.
La Mauritanie n’a qu’une seule classe politique, celle au pouvoir. Et Ould Taya est tout sauf un novice, un amateur, comme aiment à le stigmatiser ses détracteurs. Au contraire. De Haïdallah, qu’il renversa en 1984, il garde un réflexe martial : les officiers noirs putschistes de 1987 et les baasistes en savent quelque chose. De Ould Daddah, dont il fut l’aide de camp, le raffinement diplomatique. Voilà pourquoi il s’attacha les services du très respecté Hamdi Ould Mouknass, ministre des Affaires étrangères de ce dernier.
La Mauritanie se porte mieux qu’il y a dix ans : une croissance appréciable, une ouverture sur les investissements… Seule tache : les droits de l’homme.
Face à ces faits, une opposition timorée et largement incapable. Le tout n’est pas de reconnaître ou pas les résultats sortis des urnes le 7 novembre 2003, mais d’avoir un discours alternatif porteur de projets. Et d’espoir. Or le seul discours a été de chantonner : « Faites partir Ould Taya qui nous a tués en nous volant toutes nos victoires » !
En vérité, l’opposition est suffisamment désintégrée pour espérer un chant commun à l’unisson. Voyons : islamistes en mal d’audience, baasistes et nassériens rancuniers, Haratines et Négro-Mauritaniens en quête d’oreilles attentives. Avec cette élection d’Ould Taya et, au-delà de leur défaite, les leaders de l’opposition ont soldé leurs comptes. Ils doivent quitter la scène politique. Et la Mauritanie ne deviendra ni une terre de talibans, ni une caserne rwandaise, encore moins une basilique ivoirienne. Tant mieux.

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