Vengeance en série

Kill Bill – Volume 1de Quentin Tarantino(sortie à Paris le 26 novembre)

Publié le 24 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

« Vous vous appelez Josef von Sternberg et vous êtes à la veille de tourner Morocco lorsque vous apprenez que Marlène Dietrich est enceinte. Que faites-vous ? Vous attendez Dietrich. » Et voilà pourquoi, nous dit Quentin Tarantino, on a dû patienter si longtemps pour voir Kill Bill. Son quatrième film, plus de dix ans après Reservoir Dogs et Pulp Fiction et sept ans après Jackie Brown qui ont fait de ce jeune Californien un réalisateur culte, a en effet pour vedette Uma Thurman. Or celle-ci a retardé d’un an le tournage de cette histoire de vengeance à cause d’une grossesse inattendue et pourtant d’une certaine façon opportune.
Le scénario du film, en effet, d’une grande simplicité, voire simpliste, suppose que son héroïne, cette femme qui était surnommée Black Mamba du temps où elle faisait profession de tueuse dans le gang dit des « Vipères assassines », a été sauvagement agressée et laissée pour morte le jour de son mariage alors même qu’elle était enceinte. Se réveillant après quatre années dans le coma, comprenant qu’elle a perdu son enfant, elle entreprend de se venger en tuant un à un les cinq membres de ce gang sanguinaire, dirigé par un certain Bill, qui avaient décidé, on ne sait pourquoi, de l’exécuter. Elle vient à bout, après de spectaculaires combats au revolver ou à l’arme blanche aux États-Unis puis au Japon, de deux de ses ex-associées – deux femmes étranges et perverses – et des très nombreux et très bizarres gardes du corps qui les protègent. On peut donc supposer que le déroulement du volume 2 de sur les écrans en mars ou avril prochain, sera scandé par au moins trois meurtres, dont celui de Bill, pour que tout rentre dans l’ordre. Même si la dernière scène du volume 1 laisse imaginer qu’une surprise attendra le spectateur : et si l’enfant de Black Mamba alias « La Mariée » alias Uma Thurman n’était pas vraiment mort ?
Mais peu importe les péripéties de cette histoire abracadabrante, qu’on pourrait croire inspirée d’une bande dessinée rudimentaire. Car Kill Bill, dont le contenu s’efface entièrement derrière le style, comme dans les précédents opus de l’auteur, ne saurait se voir au premier degré. Film de genre qui pastiche les films de genre, il entend transporter successivement ou simultanément le spectateur dans l’univers de tous les grands cinémas populaires des années 1970 et 1980. Du kung-fu au western spaghetti, du film d’animation ou de sabre japonais au film noir sur les gangs américains ou les yakusas, tout y passe.
Pour le plus grand plaisir de l’amateur de films d’action pendant un bon moment, car l’humour et la maestria du metteur en scène tout comme la beauté des images provoquent d’abord une certaine jubilation. Avant qu’on ne ressente une certaine lassitude si l’on ne fait pas partie des inconditionnels des films d’arts martiaux : comment supporter sans éprouver un soupçon d’ennui un combat très bien chorégraphié, mais plus que répétitif qui dure une bonne vingtaine de minutes ! On se dit alors qu’il est heureux que, devant la longueur de l’oeuvre, les producteurs aient réussi à persuader l’auteur de la scinder en deux parties…

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