Au Sénégal, WhatsApp, Viber et Messenger auraient coûté 20 milliards de FCFA à la Sonatel en 2018
Lors d’une rencontre avec la presse spécialisée, le patron du groupe de télécommunications a évoqué la concurrence des plateformes telles que WhatsApp, Viber ou Skype sur les appels passés depuis l’international.
L’arrivée en masse de WhatsApp, Facebook Messenger, Viber, Skype et consorts sur les smartphones sénégalais n’arrange pas les affaires de la Sonatel. C’est ce qu’a fait savoir Sékou Dramé, le directeur général du groupe, à l’occasion du Pencum (« dialoguer » en wolof) Sonatel le 20 mars, face à des journalistes spécialisés dans les Technologies de l’information et de la communication (TIC).
Selon la direction du groupe, les services over-the-top (OTT), qui permettent d’échanger gratuitement des fichiers audio, vidéo ou de passer des appels téléphoniques en contournant les opérateurs traditionnels, auraient coûté 20 milliards de francs CFA à la Sonatel en 2018.
En 2018, sur 100 minutes d’appels arrivées au Sénégal, seules 27 sont passées par notre réseau
Dans son rapport annuel 2018, le groupe, détenu à 42 % par Orange, fait état de « solides performances économiques et financières », appuyées par une croissance de 5 % par rapport à 2017 sur les cinq pays où la Sonatel opère, soit le Sénégal, le Mali, la Guinée, la Guinée Bissau et la Sierra Léone. Mais si le chiffre d’affaires de l’opérateur a atteint les 1 022 milliards de francs CFA (1,56 milliard d’euros) , la Sonatel, qui a dégagé 202 milliards de francs CFA de résultat net, a vu ses revenus baisser de manière notable sur les appels entrants au Sénégal depuis l’étranger.
Les appels vidéos plébiscités par les consommateurs
« Avec l’international entrant, qui était une ligne de business assez forte, dégageant une rentabilité assez élevée, notre chiffre d’affaires a reculé de 25 milliards de francs CFA cette année, si nous prenons les résultats au Sénégal. Et on estime que sur ces 25 milliards, cinq milliards sont dus à la fraude avec les simbox, tandis que 20 milliards sont causés par les OTT », a précisé Sékou Dramé devant le parterre de journalistes présents au Pencum Sonatel.
Pour cause, plus des deux tiers des appels passés au Sénégal depuis l’international seraient passés par des services comme WhatsApp ou Skype. « En 2018, sur 100 minutes d’appels arrivées au Sénégal, seules 27 sont passées par notre réseau », a déploré le directeur général de la Sonatel.
Pour l’économiste Mounirou Ndiaye, le phénomène s’explique notamment par la multiplicité de choix qu’offrent des services comme WhatsApp ou Facebook Messenger par rapport à un appel classique. À l’instar des appels vidéo, plébiscités par les consommateurs qui passent des communications longue-distance.
>>> À LIRE : Technologie : comment Whatsapp a conquis l’Afrique
Un manque à gagner à relativiser
« Whats’App, Messenger ou Skype ont apporté une touche nouvelle dans l’univers des télécommunications mais il y a également la question du prix », précise-t-il. Si les appels passés par le biais des services OTT ne sont pas réellement gratuits pour le consommateur, puisqu’ils coûtent en crédit internet, ils restent en effet bien moins coûteux que les communications classiques.
« Il faut compter entre 80 et 90 francs CFA en moyenne pour une conversation téléphonique offset [depuis Orange vers autre opérateur] sur le territoire national, et parfois plus de 200 francs la minute pour un appel vers l’étranger. Avec cette même somme en crédit internet, il est possible de passer bien plus d’appels », souligne Mounirou Ndiaye.
Contactée par Jeune Afrique, la Sonatel n’a pas souhaité faire de commentaire sur ces pertes ou sur la stratégie envisagée pour faire face aux OTT. Selon Mounirou Ndiaye, un meilleur encadrement de cette concurrence nouvelle est nécessaire. « Il faudrait par exemple que la Sonatel puisse récupérer les coûts supplémentaires que lui valent les appels passés sur son réseau internet via les OTT », suggère l’économiste. Et de relativiser le manque à gagner pour le groupe de télécommunications : « Davantage d’appels passés par Skype ou Messenger, c’est davantage de forfaits internet vendus par la Sonatel. Ce qu’elle perd là, elle le gagne ailleurs ».
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Côte d’Ivoire : pour booster ses réseaux de transports, Abidjan a un plan
- La stratégie de Teyliom pour redessiner Abidjan