Tempête dans « l’arrière-cour »
Adolfo Aguilar Zinser, l’ambassadeur du Mexique auprès des Nations unies, vient de l’apprendre à ses dépens : toute vérité n’est pas bonne à dire. Le 17 novembre, lors d’un débat avec Luis Ernesto Derbez, son ministre des Affaires étrangères, il avait estimé que les États-Unis considèrent le Mexique comme « un pays de seconde zone », voire comme leur « arrière-cour », et ne conçoivent les relations bilatérales que sur le mode de la « subordination ». Le président Vicente Fox, qui se trouvait en Bolivie, a aussitôt fait savoir sa « totale désapprobation ». Il est vrai qu’il n’avait pas vraiment besoin de ça, ses relations avec Washington n’étant pas franchement idylliques depuis qu’au Conseil de sécurité de l’ONU il a eu l’outrecuidance de ne pas approuver avec enthousiasme le déclenchement de la guerre en Irak. Or les États-Unis sont, de très loin, le premier partenaire commercial du Mexique… Colin Powell, le secrétaire d’État américain, a fait les gros yeux, et l’ambassadeur, qui n’a rien d’un dangereux gauchiste (il a fait une partie de ses études à Harvard), a été contraint de démissionner, mais sa sortie peu diplomatique traduit sans doute l’exaspération de l’opinion face aux comportements « impériaux » des gringos. Comme l’on sait, les Mexicains ne sont pas, par les temps qui courent, les seuls à être exaspérés.
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