Zimbabwe : dans la vallée de la mort, meurtrie et isolée par le cyclone
Dans la ville de Chimanimani, dans l’est du pays, les habitants continuent, six jours après le passage du cyclone Idai, à découvrir des cadavres emportés par la boue ou écrasés par des rochers.
Deux hommes gantés de blanc descendent d’un camion de chantier boueux. Sur la route en terre, ils étendent une vieille couverture, et délicatement, sous le soleil revenu, soulèvent, puis enveloppent le petit corps qui reposait dans des herbes hautes, victime du cyclone qui a frappé le Zimbabwe.
Ici, dans cette somptueuse vallée encaissée, au moins une centaine de maisons ont été englouties. A l’échelle du pays, Idai a fait 139 morts, et près de 200 personnes sont toujours portées disparues. Parmi elles, 30 écoliers de Chimanimani.
A la recherche des victimes
« J’ai tout perdu. Ma maison, mes biens, les poules dont je m’occupais. Je survis grâce à l’aumône. Je n’aurais jamais imaginé cela », explique Eunica Simango, en attendant une distribution de nourriture.
« Mais la chose la plus douloureuse, c’est que je ne sais pas où est ma fille » adolescente, lâche-t-elle devant « l’hôtel Chimanimani », transformé en centre d’hébergement pour rescapés, encore sonnés.
Des dizaines de tombes, remplies cette semaine à la hâte pour accueillir des victimes du cyclone, sont marquées de simples pierres.
Dans le prolongement du cimetière réservé aux « héros » – les combattants de la guerre de libération du Zimbabwe -, un homme creuse, avec une pioche, une sépulture.
Autour de lui, la terre rouge est fraîchement retournée. Des dizaines d’autres tombes, remplies cette semaine à la hâte pour accueillir des victimes du cyclone, sont marquées de simples pierres, de cailloux ou de bouts de bois.
Dans le quartier de Ngangu, où une coulée de boue a emporté des maisons, des frigidaires et des voitures, des rescapés sondent l’épaisse terre molle à l’aide de bâtons et de pelles, à la recherche de victimes.
D’autres fouillent dans les décombres de leur maison, à l’affût de vêtements ou d’ustensiles de cuisine.
Manque de nourriture
Boue jusqu’au genoux, un homme nettoie, à la pelle, l’entrée d’une maison. Dans une autre habitation, la boue compacte arrive jusqu’au comptoir de la cuisine en formica bleu pâle.
« Nous avons de la nourriture, mais la question qui me hante est de savoir où on va avoir de la nourriture quand le centre va fermer », se demande Eunica Simango, 34 ans.
Il faut faire avec ce qu’on a, on ne peut pas s’attendre à avoir l’estomac rempli.
Dans un autre centre d’hébergement, la nourriture se fait rare. Une volontaire tente de calmer les affamés.
« Il faut faire avec ce qu’on a », leur explique Daina Mandevhana. « On ne peut pas s’attendre à avoir l’estomac rempli. On ne peut pas se plaindre en disant: Chez moi, je bois mon thé avec du lait. C’est la situation actuelle et il faut l’accepter ».
Difficulté d’accès
« Les moyens sont limités pour entrer » dans Chimanimani, explique Shawne Kidd, homme d’affaires local qui participe aux secours.
« Les routes sont détruites, les ponts cassés », ajoute-t-il au journaliste de l’AFP qui a lui-même marché une trentaine de kilomètres pour rejoindre la ville.
« Il y a des centaines d’organisations qui veulent aider. Le problème est d’arriver jusqu’ici. Il n’y a pas de piste. Les hélicoptères sont utilisés pour apporter les médicaments », constate Shawne Kidd.
La situation devrait commencer à s’améliorer ce week-end. Des camions du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et l’organisation Action Aid sont attendus une semaine pile après l’arrivée du cyclone sur Chimanimani.
Un centre téléphonique vient aussi d’être mis en place. Assis sur un banc, plusieurs personnes attendent de pouvoir appeler des proches pour les rassurer ou partager leur douleur.
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