Mbeki fait sa révolution

Publié le 24 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

« Grâce au courage de monsieur Mbeki, l’Afrique du Sud sera le premier grand pays avec un taux d’infection élevé à mettre en place un programme de traitement. » Enthousiastes, les acteurs internationaux de la lutte contre le sida ont félicité le président sud-africain après l’annonce, faite le 19 novembre par sa ministre de la Santé Manto Tshabalala-Msimang, de la distribution gratuite des antirétroviraux (ARV) dans le système de santé public. En quelques minutes, les errements du président, son refus de reconnaître la réalité de la maladie, ses déclarations fracassantes, notamment sur l’absence de lien entre le VIH et le sida, sont oubliés. Certes, entretemps, il y aura eu des milliers de morts (à raison de 600 par jour en moyenne) dans un pays qui, s’il ne présente pas le taux le plus élevé en valeur relative (20,1 % d’adultes infectés), détient le record du plus grand nombre de séropositifs en valeur absolue (5 millions de personnes). Objectif à court terme du plan : la disponibilité, d’ici à un an, d’ARV dans au moins un centre public de chacun des 53 districts sanitaires. À moyen terme, évalué à cinq ans, la couverture médicamenteuse devrait être effective au niveau municipal.

Pour parvenir à un tel résultat, l’Afrique du Sud devra auparavant régler deux problèmes de taille : le manque de personnel qualifié et l’inadéquation des infrastructures sanitaires. Au cours de 2004 devraient donc être formées 5 000 infirmières spécialisées dans la distribution d’ARV. La moitié du budget total sera dédiée à la mise à niveau des infrastructures sanitaires, ainsi qu’à l’organisation de campagnes de prévention efficaces. Le solde ira à l’approvisionnement en ARV, pour lequel un appel d’offres a été lancé. Élaboré avec l’expertise de la Fondation Clinton, ce programme pourrait bénéficier du tarif qu’elle a négocié avec les fabricants de génériques, soit 0,38 dollar par jour et par personne, le tarif le plus bas du marché. Mais le South African Medicines Control Council, qui délivre les autorisations de mises sur le marché, n’a pas donné son feu vert pour tous les composants de la trithérapie « Clinton ». Mais nul doute que le gouvernement Mbeki cherchera à obtenir les prix les plus bas du marché, le budget consacré à ce programme de distribution d’ARV étant presque intégralement prélevé sur le budget national. Une décision destinée à éviter les aléas de l’aide au développement : le versement irrégulier de montants inégaux pourrait mettre en péril la vie de patients sous traitements. Première estimation du budget nécessaire : 37,9 millions d’euros pour terminer l’année en cours, puis, chaque année, 573 millions d’euros. La révolution va coûter cher.

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