L’exception sénégalaise

Des bons résultats grâce à la prévention et à une réelle volonté politique.

Publié le 20 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Depuis plus d’une décennie, le Sénégal est montré en exemple dans la lutte contre le sida. Et pour cause, la prévalence y est à peine de 0,5 % (chiffre Onusida) sur un continent ravagé par la maladie, où l’on qualifie de « faibles » des taux de 6 %. Même la prévalence parmi les travailleuses du sexe, qui atteint 70 % dans certains pays de la sous-région, ne dépasse pas ici les 20 %. Comment est-on parvenu à un tel miracle ? D’abord, parce que le pays possédait de solides bases avant l’apparition du virus, au milieu des années 1980 : la santé était déjà une priorité du gouvernement. Ainsi le secteur de la santé reproductive n’est pas aussi sinistré que chez certains de ses voisins. Pour seul exemple, la mortalité infantile est passée de 135 pour mille à 60 pour mille entre 1976 et 1996. Aussi les bons réflexes sont-ils pris dès la première notification d’un cas de séropositivité, en 1986. Un programme national de lutte est créé, et, l’année suivante, tous les échantillons de sang sont testés. Une précaution qui n’existait pas même en France.
Condition sine qua non à une lutte efficace, la volonté politique était dès cette époque au rendez-vous. Le gouvernement a été à l’origine d’une déclaration de l’Organisation de l’union africaine en 1992 et, surtout, a consacré 20 millions de dollars (16,9 millions d’euros) à ce combat entre 1992 et 1996, avec l’aide des bailleurs de fonds internationaux. Résultat : quand les médicaments sont apparus, ils ont été disponibles au Sénégal. Et ont représenté un budget d’autant moins important qu’il y avait peu de séropositifs à soigner, la prévalence n’ayant jamais dépassé 1,5 %, grâce à des campagnes de prévention fortes, efficaces et multisectorielles. Dans les médias, mais aussi dans les écoles, et, surtout, dans les prêches, on parlait sida et prévention. Les responsables religieux, musulmans comme catholiques, ont eux-mêmes été formés, et ont pris conscience de la dimension stratégique de leur rôle, dans un pays profondément religieux. Sans trahir leurs convictions, ils ont su intégrer la prévention contre le sida dans leurs sermons, évitant ainsi l’image de la « maladie de la honte ».

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