Le mal le plus grand

Publié le 24 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Je reviens, comme promis dans le dernier « Ce que je crois », sur le mal le plus grand dont sont atteints beaucoup trop de pouvoirs africains, et qu’ils infligent à leurs peuples.
Je disais donc qu’à ce stade de l’enracinement de la démocratie en Afrique, nos présidents ne peuvent pas (encore) tirer une légitimité suffisante du scrutin qui les a fait élire, car il est rarement probant et presque toujours discuté.
Il leur faut l’acquérir, cette légitimité, en tout cas la renforcer par leur comportement
général et la manière dont ils exercent le pouvoir.

Leur intégrité et celle de leurs proches doit être sans faille ; leurs collaborateurs doivent être les meilleurs que possède le pays, choisis en fonction de leur compétence et de leur probité, non pas pour leur « proximité » ou pour services rendus. À tous, ils doivent insuffler l’idée qu’ils ont été choisis et mis au travail pour servir l’intérêt général, non pour se servir eux-mêmes : « Demandez-vous non pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais ce que vous devez faire pour votre pays », a dit John F. Kennedy à ses collaborateurs en accédant au pouvoir.
S’il adopte cette ligne et s’y tient tout au long de son mandat , s’il s’astreint à être le président de tous ses concitoyens, un chef d’État, fût-il élu dans des conditions discutées, gagne le respect de tous, se légitime aux yeux de ceux-là mêmes qui ne l’ont pas élu et ont accueilli son arrivée au pouvoir avec appréhension ou défiance.
Il doit en outre, bien sûr, s’entourer de bons gestionnaires et faire fonctionner convenablement l’État, son économie, ses universités, ses services de santé, sa justice.
Tout en protégeant, autant que faire se peut, les citoyens des abus de pouvoir des détenteurs de l’autorité et de leurs proches.

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C’est malheureusement le contraire, ou presque, que, mal ou bien élus, la plupart des présidents africains font et laissent faire ! La source principale des maux actuels du continent vient de ce que ceux-ci ne se comportent pas comme les présidents de tout le peuple, encore moins comme les protecteurs des minorités et des faibles. Ils ne se mettent pas au service d’une mission, mais utilisent le pouvoir qu’ils ont conquis pour se servir, eux, leurs familles, leurs proches, leurs tribus et leurs régions.
Au lieu de consolider l’État, en général fragile, dont ils ont hérité, ils contribuent à le défaire ; au lieu de construire une nation en devenir, ils la conduisent à se disloquer ; au lieu de lubrifier les rouages de l’économie pour qu’elle tourne sans à-coups, ils la laissent se déglinguer.
Regardez ce qui se passe dans votre propre pays, jetez un coup d’il circulaire sur le reste du continent, examinez les cas des pays en guerre civile, vous ne verrez, hélas ! que cela.

Que faire contre cet état de fait, comment en sortir ?
Il y a ceux qui se rebellent contre les mauvais pouvoirs pour les chasser et il y a ceux qui se soumettent, voire se couchent, pour tenter d’en profiter.
Ni les uns ni les autres n’apportent de solution à ce mal actuel de l’Afrique.
Je crains qu’il ne faille attendre l’arrivée aux commandes d’une nouvelle génération.

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