La case départ

Dans ces écoles maternelles d’un nouveau type, les tout-petits sont préparés à la vie.

Publié le 20 novembre 2003 Lecture : 3 minutes.

Depuis 2002, elles fleurissent un peu partout, à Dakar comme dans les régions de l’intérieur du pays. À mi-chemin entre la maternelle et la halte-garderie, les cases des tout-petits accueillent des bambins âgés de 2 à 5 ans. Leur objet : transmettre aux enfants « les grandes valeurs de leur civilisation », leur préparer une entrée harmonieuse dans le IIIe millénaire en les familiarisant avec l’outil informatique, et faire en sorte qu’ils s’adaptent au mieux à un environnement communautaire en les initiant à la vie scolaire. Tout cela en portant une attention particulière au volet nutritionnel à travers la promotion d’une alimentation saine et équilibrée.
C’est à l’occasion du Forum mondial sur l’éducation, en mai 2000, quelques semaines après son arrivée au pouvoir, que le président Abdoulaye Wade a exprimé son souhait de voir créer ces structures. Aujourd’hui, 173 cases sont finies ou en passe de l’être. Au cabinet du ministre délégué chargé de la Petite Enfance et de la Case des tout-petits, le directeur Abdourahmane Ndiaye précise qu’il a obtenu le financement pour 50 cases supplémentaires : « Chacun des trente et un départements compte au moins une case des tout-petits, l’objectif étant, d’ici à 2005, d’en doter chaque communauté rurale. » Et, à terme, 26 000 pour l’ensemble du pays. Construire une unité coûte, en moyenne, autour de 30 millions de F CFA (45 700 euros), voire 40 millions dans des localités éloignées de Dakar. Un financement assuré soit par l’État, soit grâce aux aides consenties par les bailleurs de fonds.
C’est entre les quartiers Mermoz et Sacré-Coeur de la capitale que se dresse la case que Wade avait inaugurée le 14 juin 2002. L’intérieur se compose de trois pôles : un espace informatique, un autre réservé aux chants, au langage et aux activités de logique et de mathématiques, un dernier pour le repos. Dehors, une aire a été aménagée pour les jeux. Les animateurs de case des tout-petits, qui ne sont pas fonctionnaires du ministère de l’Éducation nationale, ont reçu une formation de quarante-cinq jours à l’École nationale d’économie appliquée (Enea). Les parents des pensionnaires constituent des comités de gestion, auxquels revient la charge de payer l’animateur et les factures d’eau, d’entretien et d’électricité. Ils disposent pour cela des frais de scolarité des enfants : 16 000 F CFA de droit d’inscription annuel, plus 6 000 F CFA par mois. Une fois la case construite, elle appartient entièrement à la communauté d’implantation.
Théoriquement, la soixantaine de pensionnaires d’une case doit pouvoir disposer d’un matériel informatique et prendre le repas de midi sur les lieux. Dans les faits, on constate quelques dysfonctionnements. Dans leur grande majorité, les enfants ne restent à l’école que de 9 heures à 13 heures, et ne reviennent pas l’après-midi. Et à Mermoz, par exemple, les ordinateurs installés pour les besoins de l’inauguration ont été enlevés… dès le lendemain. Autrement dit, ses pensionnaires n’ont pas bénéficié d’un seul cours d’initiation à l’informatique. Pas plus qu’ils ne sont pris en charge sur le plan nutritionnel. Il est pourtant bien expliqué dans les plaquettes de communication des cases qu’elles se veulent « le lieu d’harmonisation des approches de développement de la petite enfance, un centre de sensibilisation des parents sur les aspects liés à l’hygiène individuelle et collective, à l’alimentation de l’enfant pour mieux assurer le suivi au sein de la famille. »
Moralité : installations flambant neuves mises à part, les cases des tout-petits ne semblent pas fondamentalement différentes des écoles maternelles traditionnelles. Le projet, louable, gagnerait peut-être à être redimensionné. Revoir à la baisse l’objectif des 26 000 unités, mieux équiper celles qui sont déjà ouvertes, ne pas laisser leurs chantiers à l’abandon (par exemple à Kolda), recruter du personnel qualifié, et ainsi seulement, éviter d’en faire de belles cases… vides.

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