Algérie : l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia appelle à la démission d’Abdelaziz Bouteflika
Le proche du président et chef du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a demandé à Abdelaziz Bouteflika de démissionner de son poste afin de « faciliter la transition politique ». Une déclaration qui faite suite à celle du général Gaïd Salah, qui a demandé à enclencher une procédure d’empêchement à l’encontre du président, et qui divise l’opposition.
Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie
Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.
Dans un communiqué, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, deuxième parti du pays et membre de l’alliance présidentielle, a appelé le 27 mars le président algérien Abdelaziz Bouteflika à démissionner.
« Cette démission aurait pour but de faciliter l’entrée dans la période transitoire prévue par la Constitution », écrit Ahmed Ouyahia. « Les événements qui se produisent chaque jour confirment le rejet de la rue pour la feuille de route proposée par le président », insiste celui qui était encore Premier ministre jusqu’au 11 mars dernier. Dans le texte, le secrétaire général du RND affirme « saluer l’appel du chef d’état-major de l’armée algérienne », le général Ahmed Gaïd Salah, qui a appelé à l’application de l’article 102 de la Constitution, qui prévoit la destitution du président de la République.
D’après cet article, le Conseil constitutionnel peut enclencher une procédure d’empêchement d’Abdelaziz Bouteflika.
L’alinéa 4 de ce même article prévoit également l’hypothèse d’une démission du chef de l’État. C’est pour cette option que plaide l’ex-Premier ministre et ancien chef du cabinet de Bouteflika, Ahmed Ouyahia. Une alternative qui aboutirait sur un gain de temps important, écrit le président du RND dans le communiqué. En effet, une nouvelle présidentielle est organisée en 90 jours dans l’éventualité d’une démission, contre 135 en cas d’empêchement.
Division au sein de l’opposition
La sortie d’hier du chef d’état-major a provoqué de nombreuses réactions au sein de l’opposition.
« L’application de l’article 102 ne répond pas aux exigences du Front », a déclaré mardi 26 mars, le président du parti du Front pour la justice et le développement, Abdallah Djaballah, sur la chaîne Ennahar. « Toutes les manifestations populaires qui persistent depuis des semaines, exigent le départ de tous les dirigeants actuels. Nous voulons que l’article 102 soit appliqué pour prouver la vacance du poste de président, et appliquer tout de suite après l’article 7 qui va avec les exigences et la souveraineté populaires. Sans cela, ça ne va rien rapporter. »
De son côté, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et principal parti islamiste algérien, Abderrazak Makri, a estimé qu’il s’agit d’une « proposition de solution ». « On croit en l’importance de l’armée dans l’accompagnement du processus démocratique, mais n’oublions pas le caractère civil de notre République. Mais notre parti a déclaré que l’application de l’article 102, seul, ne peut répondre aux exigences populaires et mener à des élections libres et transparentes. Il faut qu’un certain nombre de réformes soient réalisées, en amont. »
Le parti RCD a, quant à lui, dénoncé un coup d’état orchestré par le général Gaïd Salah, qu’il considère « partie prenante de ce système et qui ne peut être la solution ». Le parti exige une transition démocratique qui poserait « les fondations d’une Algérie nouvelle ».
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