Femmes, je vous aimais
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Ses robes arachnéennes étaient « faites pour que les hommes les arrachent ». Elles vont maintenant avoir valeur de souvenir : leur créateur, le couturier Loris Azzaro, est décédé des suites d’un cancer du poumon, le 20 novembre à Paris, à l’âge de 70 ans. Il avait un nom de chanteur d’opéra, un physique de prince vénitien, une âme orientale et une femme ambitieuse. Ces quatre ingrédients ont fait du petit prof de Tunis un des plus grands noms de la haute couture.
Loris Azzaro est né le 9 février 1933 à Tunis, au 9, rue Damrémont, de parents immigrés italiens. Après une scolarité sans histoire dans un lycée français, le jeune Loris part faire des études de lettres en France. À 24 ans, il épouse Michèle, et le couple repart s’installer à Sousse d’abord, puis à Tunis où Loris enseigne le français. De cette jeunesse tunisienne, le couturier gardera un goût prononcé pour les couleurs fortes, les lamés, les perles, les paillettes, les matières chatoyantes, tout ce qui transforme en Shéhérazade une simple femme vêtue d’une robe du soir griffée Azzaro. Même inspiration pour ses parfums, riches en jasmin, la fleur tant aimée des Tunisiens.
Entre deux copies à corriger, Loris invente des vêtements, court les souks pour choisir des tissus, bricole des boucles d’oreilles et des colifichets que Michèle va vendre. En 1962, c’est cette dernière qui décide : « Il faut que nous allions à Paris ! » Elle restera longtemps la gestionnaire de l’entreprise, aujourd’hui propriété du groupe Frey.
Premier succès en 1968, avec une collection très décolletée, en profonde rupture de style avec la petite robe noire ras-du-cou et sans manches de la maison Chanel, très en vogue à l’époque. Loris Azzaro aimait les femmes-femmes et n’a jamais créé un modèle sur un mannequin professionnel, toujours jugé trop filiforme. « Que donne une robe essayée sur 36 kg avec quelqu’un qui en pèse 65 ? », disait-il avec son fin sourire. Raquel Welch, Sophia Loren ou Claudia Cardinale lui seront pour toujours reconnaissantes, elles qui ne juraient que par ses balconnets pigeonnants.
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