« El-Hamdou lillah ! (*) »

Publié le 24 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Le 19 novembre, le président Hosni Moubarak prononce son traditionnel discours d’ouverture de la session parlementaire à la tribune du Majlis el-Chaab (Assemblée du peuple), au Caire. Le discours est retransmis en direct par la chaîne de télévision nationale. Soudain, l’image est coupée. Avant l’interruption, le président a toussé plusieurs fois, sorti son mouchoir et essuyé la sueur qui perlait sur son front. Après quelques instants, l’image revient à l’écran, mais le raïs n’est plus là et les députés s’agitent dans les couloirs. Les téléspectateurs craignent le pire. Au bout de quelques minutes, la speakerine annonce que le président a été victime d’un « léger malaise ». Fathi Sorour, président du Parlement, monte à la tribune et annonce que « le président va bien, il va revenir dans quelques minutes ». Un député musulman et un prêtre copte sont désignés pour diriger des prières pour la santé du raïs. À quelques mètres de là, le ministre de l’Information Safouat el-Cherif explique aux journalistes que le président observe le jeûne, en dépit d’une grippe pour laquelle il est traité aux antibiotiques. L’ouverture de la session parlementaire avait été reportée pour lui permettre de retrouver des forces.

Le petit peuple du Caire retient son souffle, d’autant que la circulation dans le centre de la capitale a été bloquée et qu’un hélicoptère a été vu s’approchant du bâtiment du Majlis el-Chaab. Le président revient à la tribune près de quarante-cinq minutes plus tard, sous les applaudissements des députés. Le teint pâle, il salue, remercie, sourit et parle encore pendant cinq minutes, avant de suspendre la séance. Sans faire la moindre allusion à son malaise. « Avec les médicaments et la chaleur, il a senti que sa tension chutait », a expliqué le ministre de la Santé Awad Tageddine à la télévision. « Le président vient de subir un électrocardiogramme et des analyses. Il va bien et il est en parfaite santé », a-t-il ajouté.
Âgé de 75 ans, Hosni Moubarak dirige l’Égypte depuis l’assassinat d’Anouar el-Sadate, le 6 octobre 1981. Réélu en octobre 1999 pour un mandat de six ans, il a été la cible de plusieurs tentatives d’assassinat, dont la dernière, attribuée par ses services à un déséquilibré, a eu lieu le 6 septembre 1999. Le président n’a pas daigné pour autant nommer un vice-président, poste qu’il a lui-même occupé entre 1975 et 1981 et qui lui avait ouvert les portes du palais Abdine. Superstition, ou simple précaution pour ne pas attiser l’appétit d’un éventuel dauphin ? Il est vrai cependant que rien dans la Constitution ne l’oblige à le faire. Aux rares interlocuteurs qui ont attiré son attention sur le sujet, il a souvent répondu : « En démocratie, on n’a pas le droit de nommer son successeur. » Soit, mais l’Égypte est-elle aujourd’hui une démocratie ? La rumeur selon laquelle le raïs serait en train de préparer son fils cadet Gamal, 40 ans, député et haut responsable du Parti national démocratique (PND, au pouvoir), à lui succéder à la tête de l’État prouve, en tout cas, que non.

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* « Dieu soit loué ! »

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