Des terres fertiles en… mines antipersonnel

Publié le 20 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

La présence de mines antipersonnel sur son sol est à l’origine de la baisse dramatique de la production agricole dans la région de Ziguinchor, naguère une des plus riches du Sénégal. Le sud-ouest de la Casamance est devenu exsangue depuis que les paysans ont abandonné leurs terres minées par le conflit qui touche la région depuis plus de vingt ans. « Certains villages ont été entièrement déplacés, d’autres seulement en partie, mais nous estimons à 60 000 le nombre de villageois qui ont quitté leurs terres », affirme Doudou Fall, chef de projet du programme d’éducation à la prévention des accidents par mines à Handicap International (Ziguinchor).
C’est la peur encore plus que les mines qui a transformé ces lieux d’habitation en villages fantômes. Certains vergers ainsi que beaucoup de terres cultivables, présumés piégés, ont été abandonnés, précipitant la chute déjà vertigineuse de l’économie. « Il y a en effet beaucoup de zones interdites. Les plus affectées se trouvent dans le département d’Oussouye, le long de la frontière avec la Guinée-Bissau, et à la périphérie du département de Ziguinchor », reconnaît Doudou Fall. Que vont devenir ces terres vouées à l’abandon ? Bien que certaines d’entre elles ont été déminées par l’armée sénégalaise, les paysans rechignent à y retourner, craignant de grossir le nombre des 637 victimes recensées par Handicap International.
« Nous ne pouvons faire que de la prévention, et seulement en temps de paix, souligne le chef de projet. Le risque est trop grand de faire un déminage opérationnel sur le terrain lorsqu’il y a des conflits, parce qu’une terre fraîchement « nettoyée » peut avoir été à nouveau minée en douce. Il suffit que quelqu’un saute sur un sol considéré comme propre pour que les villageois abandonnent la zone. » Résultat : sur les 200 000 hectares de terres cultivables, moins de la moitié sont vraiment exploités. Ce ralentissement de la production agricole a jeté sur les routes bon nombre de personnes désormais réduites à la mendicité, et provoqué une montée en flèche du prix des denrées alimentaires. Une situation pessimiste, dont l’issue dépend du processus de paix en cours en Casamance.

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