De 2002 faisons table rase

L’année dernière a été particulièrement mauvaise pour l’agriculture, et donc pour la croissance du pays. Les perspectives sont aujourd’hui meilleures.

Publié le 20 novembre 2003 Lecture : 3 minutes.

Tous les indicateurs seraient donc au vert ? À la fin de l’année, le taux de croissance devrait être remonté à 6,6 % (contre 2,4 % en 2002, année noire) et l’inflation revenir à 0,8 %, après avoir grimpé à 2,3 %. Pour le gouvernement, il n’en fallait pas plus : « Ces deux dernières années ont été marquées par une amélioration de la croissance, une relative stabilité des prix, un renforcement de la viabilité financière de l’État et une évolution favorable du profil de la dette. » Un avis corroboré par le représentant sur place du Fonds monétaire international (FMI) qui, au début du mois d’octobre, précisait que le Sénégal continuait à déployer des efforts « pour créer un cadre macroéconomique stable, avec des finances publiques bien tenues ».
De fait, même s’il n’est pas à l’abri d’accidents conjoncturels, comme en 2002, le pays affiche une croissance économique plutôt stable depuis la dévaluation du franc CFA en 1994 (5,4 % en moyenne de 1996 à 2001). Et les principaux bailleurs de fonds, si on en juge par leur générosité, semblent d’ailleurs miser sur ses performances. Ils ont ainsi alloué 33 millions d’euros au gouvernement d’Idrissa Seck pour la période 2003-2005. Des prêts accordés dans le cadre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) et qui devraient favoriser l’accession au point d’achèvement de l’initiative de réduction de la dette en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE).
La reprise de l’activité économique en 2003 s’explique essentiellement par le retour de la croissance dans le secteur agricole. Elle devrait, estime-t-on à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dépasser la barre des 10,8 % en 2003, après une année particulièrement difficile, où les activités liées à l’agriculture et à l’élevage avaient reculé respectivement de 20,4 % et 7,7 %. Une contre-performance à mettre sur le compte des vagues de froid et des inondations ayant affecté le cheptel dans les régions de Saint-Louis et de Louga. Seule note (agricole) positive cette année-là : la hausse de 8,6 % de la production cotonnière.
Au ministère de l’Agriculture, on se montre plutôt satisfait : « La campagne agricole a été, dans l’ensemble, satisfaisante, en raison d’une bonne pluviosité et d’une diversification des produits agricoles ». Les greniers devraient en effet être bien remplis, avec 400 000 t d’arachide et 500 000 t de maïs. Et la croissance de l’activité agricole devrait contribuer à la hausse du Produit intérieur brut (PIB), dont elle représente traditionnellement 20 %.
« Il faut signaler qu’en 2002 le Sénégal est resté sans programme avec le FMI, à la suite de désaccords lors des négociations, poursuit-on au ministère de l’Économie. Grâce à une politique de maîtrise des dépenses publiques, couplée à une efficacité en matière de collecte de recettes budgétaires, cette situation ne s’est pas traduite par des déséquilibres, comme c’est le cas dans la plupart des pays en désaccord avec le Fonds. Entre 1999 et 2003, les recettes budgétaires ont augmenté de 50 milliards de F CFA par an, en moyenne. »
Reste de sérieuses ombres au tableau. Baromètre fiable de l’état d’esprit des Sénégalais, les jeunes – qui constituent la majorité de la population – citent le chômage comme problème numéro un du pays. Et pour cause : en 2001, selon les chiffres officiels, 48 % des habitants étaient sans emploi. Chaque année, 100 000 jeunes arrivent sur le marché du travail. Et la pauvreté se traduit par de longues files de demandeurs de visas devant les ambassades de France, des États-Unis et d’Italie. Car, malgré la croissance, le Sénégal a rejoint, en 2001, la liste peu enviée des Pays les moins avancés (PMA) sur décision des Nations unies, et ce en raison de la faiblesse du revenu par tête (500 dollars environ) et de la dégradation des indicateurs socio-économiques. À titre d’exemple, le pays ne se classait en 2003 que 156e sur 175 au classement de l’indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Le gouvernement Wade est conscient que c’est bien le domaine où il est le plus attendu. « Le Sénégal s’attelle actuellement à tout mettre en oeuvre pour lutter contre la pauvreté, indique un membre du cabinet du ministre de l’Économie et des Finances. Les mécanismes ont été définis et certaines réformes engagées. Les résultats de la réunion du groupe consultatif sur le Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), tenu à Paris, en juin dernier, avec la communauté des bailleurs de fonds, sont très satisfaisants. Ces résultats se traduisent par des engagements financiers et politiques des partenaires au développement. »

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