Congrès du Polisario : les Marocains ont tout compris

Publié le 25 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Le reportage sur le congrès du Polisario de Ridha Kéfi (J.A.I. n° 2233) fleure la partialité à chaque ligne. Tout y est dit, fait, écrit et sous-entendu pour tenter
d’accréditer deux idées : « la République arabe sahraouie démocratique [RASD] comme Etat », et les « territoires libérés ». L’auteur du reportage commence ainsi par
localiser la ville de Tindouf à « 70 kilomètres de la frontière algéro-sahraouie », comme s’il existait un État sahraoui limitrophe de l’Algérie ! La RASD, ajoute-t-il, fonctionne comme un État avec un drapeau, une Constitution, un gouvernement. L’ONU, en tout cas, ne
la reconnaît pas comme telle, car le droit international donne une définition claire de ce que doit être un État et énumère avec précision ses éléments constitutifs. Un article
de presse n’y changera rien.
Il y a quelques années, Jeune Afrique écrivait, à propos du problème du Sahara, que le Maroc avait une bonne marchandise et un mauvais emballage et que le Polisario présentait une marchandise avariée dans un bon emballage. Serait-on en train d’encenser aujourd’hui ce qu’on accablait hier ? À quel charme du désert l’auteur de ce reportage a-t-il succombé ? La question est d’autant plus importante qu’il nous décrit avec force détails « les territoires libérés », leur emplacement et le nombre exact de kilomètres qu’il faut parcourir d’un point à un autre. Pourquoi diable cette « République » n’a-t-elle pas déménagé pour s’établir sur ces territoires ?
La réponse, nous la trouvons dans ce reportage même où son auteur écrit que le mur édifié par le Maroc cerne « la presque-totalité du territoire saharien ». Le Polisario vit, en
effet, en territoire algérien et nulle part ailleurs. Tout le reste n’est que montage fallacieux avec un acteur vedette puisqu’il en faut un, un certain « prisonnier politique » sahraoui détenu au Maroc parlant aux congressistes par le biais d’un « téléphone satellitaire introduit clandestinement dans sa cellule ». Les hommes sont « souvent au front ». Mais de quel front s’agit-il ? Le cessez-le-feu, instauré depuis 1991
sous les auspices de l’ONU, est vérifié chaque jour sur le terrain par des observateurs
désignés spécialement à cet effet. Ridha Kéfi rapporte que les interventions auxquelles il a assisté dénotent « une certaine liberté de ton. […] Ce n’est certes pas encore la démocratie qui tranche, mais on est loin de la langue de bois qui caractérise les travaux des partis politiques dans la plupart des pays arabes. » En fait, il prépare ses lecteurs à sa chute, qu’il a formulée ainsi : « Il me restera le souvenir d’un peuple réfractaire, déchiré et incompris. » Les lecteurs marocains de Jeune Afrique/l’intelligent, eux, ont tout compris, mais la revue demeurera néanmoins la leur.

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