Cameroun : au moins 170 civils tués en six mois dans les régions anglophones, selon HRW

Au moins 170 civils ont été tués depuis octobre dans les régions anglophones du Cameroun, en proie à un conflit armé entre des séparatistes et l’armée, selon un rapport de l’organisation Human Rights Watch (HRW) publié vendredi 29 mars.

Une vue de Molyko, l’une des principales artères de la ville de Buea, le 7 octobre 2018, jour de l’élection présidentielle. © Franck Foute pour Jeune Afrique

Une vue de Molyko, l’une des principales artères de la ville de Buea, le 7 octobre 2018, jour de l’élection présidentielle. © Franck Foute pour Jeune Afrique

Publié le 29 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

« Les forces du gouvernement dans les régions anglophones du Cameroun ont tué de nombreux civils, utilisant un usage aveugle de la force, et brûlé des centaines de maisons ces six derniers mois », accuse l’organisation de défense des droits de l’homme.

Depuis octobre, « au moins 170 civils ont été tués dans plus de 220 incidents enregistrés dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun », écrit HRW, indiquant « que le nombre de civils tués est probablement plus important », au vu de l’intensification des violences et de la difficulté à collecter l’information dans ces zones. HRW ne dit cependant pas explicitement que les forces gouvernementales sont responsables de la mort de la totalité des 170 civils.

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Dans une lettre adressée à HRW, le gouvernement a affirmé ne pas reconnaître « les exactions » de l’armée décrites dans ce rapport, ajoute l’organisation dans son communiqué. Le rapport indique, en outre, que « 31 membres de forces de sécurité ont été tués dans des opérations entre octobre et février ». Les séparatistes anglophones de ce pays à majorité francophone militent pour la création d’un État indépendant dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Réponse « contreproductive » des autorités

Fin 2017, après un an de protestation, des séparatistes ont pris les armes contre Yaoundé. Depuis, ces régions sont le théâtre d’un violent conflit armé. Des combats opposent régulièrement l’armée, déployée en nombre, à des groupes épars de séparatistes armés cachés dans la forêt équatoriale.

« Les autorités camerounaises ont l’obligation de répondre (à la crise) de façon légale et de protéger les droits des populations dans ces moments de violence », selon le directeur Afrique centrale de HRW, Lewis Mudge. « La réponse brutale du gouvernement ciblant des civils est contreproductive et risque de provoquer plus de violence. »

Dans son rapport, l’organisation déplore également une augmentation du nombre de kidnappings dans ces régions. Les séparatistes multiplient les enlèvements de responsables, de militaires et de policiers, ainsi que de civils pour maintenir la pression sur le régime de Yaoundé, mais aussi pour exiger des rançons permettant aux groupes armés de se financer en partie. Ce conflit, qui n’a cessé de prendre de l’ampleur, a déjà forcé plus de 437 000 personnes à fuir leur domicile dans ces régions, selon l’ONU.

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