Face à la concurrence, le port d’Abidjan fait sa mue
Leader en Afrique de l’Ouest, le port d’Abidjan s’est lancé dans un vaste projet de modernisation de ses installations pour maintenir sa position, mais surtout rivaliser avec ceux de Tanger, au Maroc, et de Durban, en Afrique du sud.
Pelleteuses en action sur un paysage lunaire au bord de l’eau, une grue de 100 mètres déchargeant un amas de fers à béton… le port d’Abidjan, représentant 90% des échanges extérieurs de la Côte d’Ivoire, est en chantier.
Ces travaux de modernisation débutés en 2012 sont pilotés par des ingénieurs et ouvriers chinois dont le pays finance à hauteur de 1 100 milliards de FCFA (1,67 milliard d’euros) ce programme.
« Ce chantier qui emploie 300 personnes (dont la plupart sont des Chinois) va s’achever en août 2019 et fera de ce terminal le plus grand d’Afrique de l’Ouest », explique M. Rui Zhui, responsable de la qualité pour la société chinoise China Harbour Engineering Company (CHEC).
« On s’apprête à partir de 2020 à être un port qui va accueillir tous les plus grands navires qui fréquentent les côtes africaines », affirme à l’AFP le directeur général du port d’Abidjan, Hien Sié.
« Nous avons pris l’option de construire un terminal avec 16 m de tirant d’eau (la partie immergée du navire) pour anticiper le futur. Ce deuxième terminal peut nous faire vivre encore un siècle », a poursuivi M. Sié, rappelant que le premier terminal à conteneurs du port exploité depuis 2004 par le groupe français Bolloré « ne pouvait plus contenir (que) des navires à 11,5 m de tirant » maximum.
La mise en service du deuxième terminal de 1 200 m de quai avec 18 m de profondeur – le seul de cette profondeur sur la côte ouest-africaine – , permettra d’accueillir des navires transportant 10 000 conteneurs contre 3 500 auparavant.
>>> À LIRE – Transport maritime : Abidjan pourrait devenir le principal hub maritime d’Afrique de l’Ouest
Par ailleurs, le port, qui se trouve dans une lagune, a achevé en février l’élargissement et l’approfondissement du canal de Vridi qui le relie à la mer pour un coût de 150 milliards de FCFA (230 millions d’euros).
Cet aménagement va permettre le passage des navires sans limitation de longueur, contre 250 m maximum auparavant.
« Hub en Afrique »
Quelques mois plus tôt, les autorités portuaires avaient accueilli, le 15 mars 2018, le « Grande Abidjan », un imposant cargo battant pavillon italien de la compagnie Grimaldi, capable de transporter jusqu’à 5 500 véhicules, pour l’inauguration du nouveau quai roulier (exploité pour l’import et l’export de véhicules, camions et remorques) de 300 m, avec un tirant d’eau de 15 m, le premier du port avec telle profondeur.
Le trafic au port d’Abidjan a augmenté de 7,2% en 2018 pour atteindre plus de 24 millions de tonnes.
« Nous avons une économie forte qui attire les armateurs », a souligné M. Hien.
« Vous avez Tanger au Nord, qui bénéficie d’une situation géographique particulière (à la sortie du détroit de Gibraltar), et à l’autre bout Durban (sur l’océan Indien), nous sommes situés entre les deux et nous avons des atouts pour être un hub en Afrique », a-t-il souligné.
La gestion des nouvelles infrastructures portuaires se fera dans un contexte de partenariat public-privé sous la forme de concession.
La Chine construit les infrastructures mais la gestion devrait être assurée par un consortium formé par deux groupes français, Bolloré Africa Logistics et Bouygues Travaux publics, et le groupement APM Terminals du groupe Maersk (Danemark).
Jean-Baptiste Koffi, président de la Confédération des consommateurs de Côte d’Ivoire (COC-CI) a déploré « un monopole de fait (…). Il est urgent de concilier, investissements, création de la concurrence et qualité des services, car à la fin c’est le consommateur qui va en bénéficier ».
La Chine est le troisième partenaire commercial international et le premier partenaire commercial asiatique de la Côte d’Ivoire. Les échanges entre les deux pays ont progressé de 800% entre 2014 et 2016.
Outre le port, une quarantaine d’entreprises chinoises sont impliquées dans la mise en place de l’alimentation en eau potable d’Abidjan, le stade olympique en construction à Ebimpé (près d’Abidjan), la vidéo-protection de la ville d’Abidjan ou l’extension du réseau haut débit à fibre optique.
En 2018, les Chinois ont lancé trois projets d’envergure: la réhabilitation et le développement du réseau d’électricité, la construction de l’autoroute Tiébissou-Bouaké, ainsi que la construction du quatrième pont d’Abidjan.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Côte d’Ivoire : pour booster ses réseaux de transports, Abidjan a un plan
- La stratégie de Teyliom pour redessiner Abidjan