RDC : à Beni, Butembo et Yumbi, les électeurs ont enfin pu voter
Les électeurs de Beni et Butembo, dans le nord-est de la République démocratique du Congo sous la menace d’Ebola et des groupes armés, ont enfin pu voter dimanche, de même qu’à l’autre bout du pays ceux de Yumbi, théâtre d’un massacre mi-décembre.
Plus d’un million d’électeurs était attendu aux urnes dans ces trois fiefs de l’opposition, privés d’élections générales le 30 décembre pour cause officielle d’épidémie de fièvre hémorragique à Beni-Butembo, et du carnage de plusieurs centaines de personnes dans un conflit opposant des membres des communautés Banunu et Butende, à Yumbi (sud-ouest) les 16 et 17 décembre.
Les électeurs ne votent cependant que pour les législatives nationales et provinciales, et non pas pour l’élection présidentielle.
Ce vote n’a donc aucune incidence sur l’élection à la présidence de l’opposant Félix Tshisekedi, proclamé vainqueur par la Commission électorale puis la Cour constitutionnelle en janvier, sous les critiques d’un autre opposant Martin Fayulu.
L’élection de 15 députés ne pèsera pas non plus sur les rapports de force à l’Assemblée nationale où les partisans de l’ancien président de la République Joseph Kabila disposent déjà de la majorité absolue.
À Beni à la mi-journée, le vote se déroulait normalement dans les quartiers de Mavivi et Ngadi, régulièrement exposés aux attaques meurtrières attribuées aux miliciens ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), a constaté l’AFP.
Bien des habitants de ces quartiers ont été déplacés en raison des violences, qui ont marqué une accalmie ces dernières semaines. « Il n’y a pas d’engouement », affirme Patrick, un électeur qui sort d’un bureau de vote à Ngadi.
« On n’est pas totalement content. Les gens, la population de Beni, Yumbi, Butembo, on voulait tous voter notre président. Mais la Céni (ndr: commission électorale) nous a volé ce choix », poursuit Patrick Kasunga, laissant entendre que les habitants de Beni aurait aimé voter pour Martin Fayulu à l’élection présidentielle.
Les élections ont eu lieu alors que des nouveaux cas d’Ebola ont été enregistrés à Beni ces derniers jours, après plusieurs semaines d’accalmie.
Les prochains députés devront « rétablir la paix dans notre contrée Est. Nous sommes appauvris. Nous avions laissé nos maisons. Nous avions laissé même nos champs », lance un autre électeur, Maneno.
À Yumbi, les électeurs ont retiré leur carte avec enthousiasme jusqu’à samedi soir.
« La méfiance » entre communauté Batende et Banunu était palpable pendant la campagne électorale où les candidats de chaque communauté n’ont battu campagne que dans leurs propre fief, relève la mission d’observation électorale citoyenne Symocel.
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