RDC : faible participation à l’élection partielle à Beni

Les électeurs de Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo ont boudé dimanche l’élection législative partielle. Plusieurs s’avouent en colère de ne pas avoir pu participer à l’élection présidentielle du 30 décembre.

Une rue du ventre-ville de Beni, dans l’est de la RDC, le 17 février 2017. © Trésor Kibangula/J.A.

Une rue du ventre-ville de Beni, dans l’est de la RDC, le 17 février 2017. © Trésor Kibangula/J.A.

Publié le 31 mars 2019 Lecture : 3 minutes.

Les habitants de Beni et Butembo (nord-est) ainsi que ceux de Yumbi (nord-ouest), soit plus de 1,2 million d’inscrits, ont été appelés dimanche 31 mars aux urnes pour désigner les 15 derniers députés de l’Assemblée nationale (500 au total), ainsi que leurs députés provinciaux.

Ils votaient trois mois après les autres Congolais (quelque 40 millions d’inscrits au total), qui ont officiellement déjà choisi leur président de la République. Félix Tshisekedi a été proclamé président et investi dès le mois de janvier.

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Les élections générales (présidentielle et législatives) du 30 décembre avaient été reportées dans ces trois fief acquis à l’autre opposant, Martin Fayulu, qui revendique la victoire à l’élection présidentielle. Raisons invoquées par la Commission électorale (Céni): l’épidémie d’Ebola et l’insécurité à Beni-Butembo, et un conflit communautaire qui venait de faire des centaines de morts mi-décembre à Yumbi.

A Beni, il n’y a pas eu foule dans les bureaux de vote de Ngadi, Mavivi et Kasabinyole. Ces quartiers ont été vidés en partie depuis septembre par des attaques attribuées aux miliciens des Forces démocratiques alliés (ADF), historiquement des rebelles musulmans arrivés de l’Ouganda voisin dans les années 90.

Peur des violences

« La population s’est déplacée, craignant les massacres », explique le président d’un bureau de vote à Kasabinyole, Achille Kambale Kakundi, près de l’endroit où une quinzaine de civils ont été massacrés en septembre.

« On avait demandé à Nangaa (le président de la Céni, NDLR) que les déplacés puissent voter là où ils se trouvent. Il n’a pas accepté. La loi ne l’autorise pas. Il faut que les gens viennent voter là où ils se sont fait enrôler (inscrire sur les listes électorales). Les gens n’ont pas les moyens de se payer les moyens de transport », analyse Delphin Kambula, un partisan de Martin Fayulu.

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L’affluence n’a pas non plus été au rendez-vous au centre de vote de Kasanga, près du quartier Ndindi, ex-épicentre de l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola. Mais ni Ebola, ni les ADF n’expliquent totalement la désertion des urnes, à entendre les habitants. « Il n’y a pas d’engouement parce qu’il n’y a pas d’élection présidentielle. Les gens attendaient beaucoup le changement avec le candidat Martin Fayulu », soupire Nguru Waswekera, une enseignante.

Une participation faible

En ce jour de vote officiel, la participation est d’ailleurs bien moindre que lors du vote symbolique organisé par les habitants de Beni le 30 décembre pour protester contre leur mise à l’écart.

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« Nous avons beaucoup voté le 30 décembre alors qu’Ebola était à son comble. Il y avait des files indiennes. Toute la journée, les mamans, les vieux, les jeunes, tout le monde était pressé d’aller voter », observe Damien Paluku, un informaticien.

« Aujourd’hui on ne sait pas si notre vote sera considéré ou si le résultat sera déjà connu d’avance » ajoute-t-il. A Kinshasa, Martin Fayulu accuse Félix Tshisekedi et son prédécesseur, Joseph Kabila, de s’être entendus à ses dépens.

A l’autre bout du pays, les élections se sont déroulées sans incident majeur à Yumbi, où au moins 500 personnes ont été massacrées les 15 et 16 décembre. Les victimes appartenaient à la communauté banunu, persécutés par les Batende, dans une tuerie planifiée, avec l’implications d’autorités locales, de l’aveu même de la ministre des Droits humains.

« Les gens sont venus nombreux dans les centres de vote. Mais on pouvait observer une certaine méfiance chez les électeurs. Les gens restaient dans leur coin selon qu’ils appartiennent à la communauté banunu ou batende », affirme Gille Bango, président de la société civile (collectif d’associations).

« La méfiance » était palpable pendant la campagne électorale où les candidats de chaque communauté n’ont battu campagne que dans leurs propre fief, relève la mission électorale citoyenne Symocel.

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