« En Arabie saoudite, les cheikhs qui ne suivent pas le wahhabisme sont considérés comme des gens à abattre »
Connu pour son approche réformiste, le cheikh Salman al-Awdah a été interpellé en septembre 2017, alors que le prince héritier Mohamed Ben Salman (MBS) lançait une campagne d’arrestation d’hommes d’affaires soupçonnés de corruption. Aujourd’hui, après des procès retardés à de multiples reprises, il risque d’être exécuté. Son fils explique à Jeune Afrique les raisons de sa mise en détention.
Salman al-Awdah est l’un des cheikhs les plus influents dans le monde arabe et auprès de la jeunesse saoudienne. L’écrivain est l’un des pionniers de la Sahwa al-Islamiyya (L’éveil islamique). Si la mouvance se rattache à l’origine au salafisme, elle s’est surtout fait connaître pour ses positions politiques : contestation du pouvoir absolu du roi, appel à une ouverture politique sur des fondements religieux, rejet de l’alignement sur la politique étrangère des États-Unis. Le mouvement s’est d’ailleurs signalé en critiquant vertement la présence des troupes américaines dans la péninsule arabique à partir de la première guerre du Golfe en 1991.
Il est aujourd’hui contesté par le courant salafiste madkhali, qui professe l’obéissance absolue au « gouverneur », et qui tente d’endiguer l’influence de la Sahwa en Arabie saoudite. Arrêté peu après le lancement d’une vaste opération de lutte anti-corruption orchestrée par MBS en septembre 2017, il est emprisonné depuis, avec des procès toujours reportés, et risque la peine capitale – ainsi que deux autres cheikhs, Awad al-Qarni et Ali al-Omari. Ce qu’il lui est reproché : il a appelé, dans l’une de ses dernières publications avant son interpellation, à la reprise des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et le Qatar.
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