Crise anglophone au Cameroun : libération de l’ex-secrétaire d’État Emmanuel Ngafeson

Emmanuel Ngafeson, l’ancien haut cadre de l’administration camerounaise qui avait été kidnappé dans la nuit du 19 mars, a été rendu à sa famille le 30 mars. Les circonstances de sa libération n’ont pas été communiquées et l’identité des assaillants demeure floue.

Des militaires camerounais (photo d’illustration). © Rebecca Blackwell BLACKWELL/AP/SIPA

Des militaires camerounais (photo d’illustration). © Rebecca Blackwell BLACKWELL/AP/SIPA

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 1 avril 2019 Lecture : 2 minutes.

L’ex-secrétaire d’État chargé de l’Administration pénitentiaire Emmanuel Ngafeson a été libéré le samedi 30 mars, soit une dizaine de jours après son enlèvement dans son domicile de Ntabesi, une banlieue de Bamenda. L’information, confirmée à Jeune Afrique par des proches de l’ancien membre du gouvernement, faisait la Une de nombreux quotidiens anglophones ce lundi matin. « Je n’ai subi aucune violence. Mes ravisseurs étaient pour la plupart des jeunes de moins de 40 ans, et ils me considéraient comme leur père », a affirmé l’ex-captif aux journalistes qui l’ont rencontrés à son retour.

Comme lors des précédentes libérations d’otages survenues dans la région du Nord-Ouest, les circonstances du retour d’Emmanuel Ngafeson demeurent mystérieuses. Une rançon aurait bel et bien été versée aux ravisseurs, comme l’ont indiqué des sources contactées lundi par Jeune Afrique, sans en préciser le montant. En fin de semaine dernière, un membre de la famille nous assurait néanmoins qu’aucune rançon n’avait été demandée par les ravisseurs.

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Quant aux trois personnes retrouvées dans le véhicule de l’ex-secrétaire d’État et interpellées dans le cadre de cette affaire, aucune information n’a été diffusée.

Des sécessionnistes ?

Bien que l’enlèvement d’Emmanuel Ngafeson n’ait été revendiqué, de nombreux éléments rapprochent cet acte à ceux perpétrés par les groupes de sécessionnistes qui opèrent dans la région du Nord-Ouest, ceux-ci ayant fait des enlèvements de personnalités un business lucratif. Le jour de la libération de l’ex-secrétaire d’État, le cortège du bâtonnier Akere Muna, qui rentrait de son village natal (Kembong), échappait de justesse à une attaque similaire à celle ayant conduit à l’enlèvement de Ngafeson.

>>> À LIRE – Crise anglophone au Cameroun : qui sont les sécessionnistes ?

« Ils nous attendaient sur le chemin du retour. Quelques minutes après notre départ de Kembong, ils ont ouvert le feu sur le convoi. Ce qui nous a contraint à faire demi-tour, et à emprunter un autre chemin », a rapporté dans un média local un des membres de la délégation du leader du mouvement NOW. Aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée, selon lui, mais le groupe a dû abandonner des véhicules sur le chemin afin de détourner l’attention des assaillants.

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Vers une sortie de crise ?

Face à la violence qui se poursuit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le gouvernement camerounais continue de prendre des mesures visant à mettre fin aux tensions. Sur le terrain, le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji a visité la semaine dernière un centre de réinsertion du Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration, construit à Bamenda afin d’accueillir les combattants sécessionnistes qui déposent les armes. Au même moment, les députés débattaient d’un projet de loi consacrant l’introduction des élections régionales dans le cycle politique du pays.

Des actions cependant dénoncées par l’opposition, qui estime que seul le dialogue peut abaisser les tensions. « Comment peut-on parler de désarmement et de démobilisation avant la fin de la guerre ? Je ne sais pas où nous allons. On est en pleine guerre, les gens parlent de réinsertion, c’est anormal », s’est notamment offusqué Paul Tchatchouang, le sénateur du principal parti d’opposition, le Social Democratic Front (SDF), à l’issue d’une réunion du comité exécutif national du parti.

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