Les trous noirs de l’information

Publié le 24 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

Reporters sans frontières (RSF), l’association internationale de défense des journalistes, a publié, le 20 octobre, son classement mondial 2005 de la liberté de la presse. Ce « palmarès », à ne pas confondre avec celui des « prédateurs de la liberté de la presse », dévoilé en mai pour la Journée de la presse (voir J.A.I. n° 2313), en est à sa quatrième édition. On retrouve logiquement en queue de peloton les dictatures où la presse privée n’existe pas et où la liberté d’expression est nulle : Corée du Nord (167e et dernière), Érythrée, Turkménistan, Iran, Birmanie et Libye. Si l’on y ajoute la Chine (159e), le Vietnam (158e), l’Irak (157e), l’Arabie saoudite (154e) et la Syrie (145e), l’Asie orientale et centrale et le Moyen-Orient apparaissent comme les trous noirs de l’information dans le monde.

Côté Afrique subsaharienne, le tableau est plus encourageant. Hormis au Zimbabwe, cancre de la classe (153e), et en Somalie (149e), où deux journalistes ont trouvé la mort à Mogadiscio l’an dernier. RSF relève des progrès un peu partout ailleurs, et les explique par la lutte contre l’impunité et la suppression des peines de prison pour les délits de diffamation ou de diffusion de fausses nouvelles. La liberté de la presse est désormais enracinée au Bénin (25e, mieux classé que la France), en Afrique du Sud (31e), à Maurice (34e) ou au Mali (37e). Le Mozambique remonte de la 64e à la 49e position, après la condamnation des assassins de Carlos Cardoso. Le Liberia, pacifié, progresse de quarante places (83e). Le Sénégal, traditionnellement perçu comme un « poste avancé » de la liberté de la presse en Afrique, stagne à la 78e place. Fermetures temporaires de stations de radio et convocations en cascade à la Direction des investigations criminelles (DIC) expliquent sans doute ce rang dans le ventre mou, en compagnie de nations d’Afrique centrale nettement moins avancées démocratiquement. La Gambie, elle, poursuit sa dégringolade, rétrogradant de la 98e à la 130e place.

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RSF ne relève pas d’améliorations significatives au Maghreb : le Maroc, 119e, est le mieux classé, devant l’Algérie, 129e, et la Tunisie, 147e. L’Europe du Nord continue à caracoler en tête : Danemark, Finlande, Irlande, Islande, Norvège, Pays-Bas et Suisse se partagent le premier rang. La France, elle, chute de la 22e à la 30e place, alors que les États-Unis, 44es, perdent vingt places. Des reculs qui s’expliquent par les perquisitions et les décisions de justice ayant frappé des journalistes (Judith Miller en Amérique) ou des organes (Le Point, L’Équipe, en France) et qui ont eu pour effet de fragiliser la sacro-sainte règle du secret des sources. Ce qui ne signifie évidemment pas que ces pays se soient transformés en repères de prédateurs pour journalistes, ni que la presse de Trinidad et Tobago, nation arrivée en 12e position, soit quatre fois plus libre et meilleure en contenu que celle de France ou d’Amérique. Tous les classements comportent leur part de subjectivité et d’arbitraire, et ne doivent pas être interprétés au pied de la lettre. Celui de RSF ne fait pas exception à la règle.

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