[Chronique] Algérie : qui vivra vendredi verra
Pour éviter les écueils des printemps arabes de 2011, l’inédite voix algérienne doit inventer une… voie algérienne.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 3 avril 2019 Lecture : 2 minutes.
Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie
Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.
Si Abdelaziz Bouteflika était la clé de voûte du régime algérien, gare à ce que la voûte ne s’effondre pas sur ceux qui entendent accrocher le trophée de chasse présidentiel dans leur salon. Gageons que la jeunesse révélée par les récentes manifestations saura tirer leçons de la décennie noire des années 1990 – qu’elle n’a souvent pas connue – et des printemps arabes de 2011.
>>> À LIRE – Démission de Bouteflika : « Acquis immense » ou « coup d’État militaire », la classe politique algérienne partagée
Au milieu du gué printanier, elle devra éviter tout à la fois le trompe-l’œil kaki à l’égyptienne, le dérapage incontrôlé à la libyenne, le chemin de croix à la syrienne ou le tunnel à la yéménite. Et puisqu’en 2013, le ministre tunisien de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou s’était déclaré « soulagé » que son pays n’ait pas « exporté sa révolution » vers son voisin de l’ouest, concédons-lui que l’insurrection algérienne ne sera la copie d’aucune révolte contiguë.
« Le combat continue ! »
Pour faire échec et mat au régime contesté sans passer par la case « échec maté », les habitants de l’Algérie semblent avoir judicieusement reporté l’ouverture d’un champagne qui – même halal – aurait pu leur procurer une gueule de bois post-démission bouteflikienne. « Le combat continue, ce n’est pas encore la victoire finale ! », scandaient ce mardi des Algériens, conscients que l’excès d’euphorie disperse les énergies.
Après deux ou trois cabrioles joyeuses sur les lampadaires, le pays doit inventer sa transition
La population est lucide car consciente des opportunités de l’heure – le regard international braqué sur le pays – , des menaces – le manque d’incarnation de la contestation, les appétits religieux et les démangeaisons militaires – , des faiblesses – les habitudes politiciennes d’un régime seulement décapité, l’engoncement de l’économie dans la rente – et des atouts – la jeunesse de la mobilisation, la liberté d’expression astucieuse et la confiance inspirée par les premiers acquis de la grogne.
Après deux ou trois cabrioles joyeuses sur les lampadaires, le pays doit inventer sa transition, dans une ambiance de nouvelle indépendance nationale et avec l’humour salvateur de slogans imaginatifs. La satisfaction teintée de méfiance sera le gage d’une vigilance citoyenne à transformer en avenir politique inédit. Algeria is back ! Quelles que soient les manœuvres politico-militaires à venir, elles n’échapperont plus au peuple, qui devrait sans doute poursuivre dès ce vendredi sa plus massive mobilisation hebdomadaire.
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Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie
Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.
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