Rwanda-France : vingt-cinq ans de commémorations sous haute tension

Depuis 1994, la représentation de la République française lors des commémorations du génocide des Tutsi alterne entre mélodrame bilatéral et politique de la chaise vide. Le 7 avril, malgré l’amélioration récente des relations entre les deux pays, Emmanuel Macron sera représenté par un simple député. Au risque de froisser les autorités rwandaises ?

Les présidents Paul Kagame et Emmanuel Macron à New York, lundi 18 septembre. © Twitter – Présidence rwandaise

Les présidents Paul Kagame et Emmanuel Macron à New York, lundi 18 septembre. © Twitter – Présidence rwandaise

MEHDI-BA_2024 ROMAIN-GRAS_2024

Publié le 4 avril 2019 Lecture : 10 minutes.

Off-the-record, des émissaires de l’Élysée l’affirmaient ces dernières semaines : à défaut de la venue d’Emmanuel Macron, un « représentant de haut niveau » serait présent à Kigali, le 7 avril, à l’occasion de la cérémonie inaugurale commémorant le 25e anniversaire du génocide perpétré en 1994 contre les Tutsi. Pourtant, le 21 mars, la promesse a fini par accoucher d’une souris : c’est finalement un jeune député, Hervé Berville (LREM), 29 ans, qui sera le « représentant personnel » du président français lors de cet événement symbolique où pas moins d’une trentaine de chefs d’État ou de gouvernement sont attendus.

Une décision qui, selon un collaborateur du président français, aurait été « annoncée officieusement » aux autorités rwandaises le 20 mars. La version est pourtant contestée par Kigali, à la présidence comme au ministère des Affaires étrangères, où l’on affirme avoir appris la nouvelle dans JA.com.

« Donner une place au génocide des Tutsi »

Député novice, Hervé Berville n’est pas un premier rôle, même si son histoire croise celle du génocide des Tutsi. Orphelin, né au Rwanda, il a été adopté à l’âge de 4 ans par une famille bretonne « pur beurre » après avoir été évacué par l’armée française. « L’histoire du pays où je suis donne ce poids et résonne, je comprends cet intérêt plutôt bienveillant mais il ne faut pas que cela me définisse », déclarait-il au quotidien français Libération en 2018. Depuis son élection à l’Assemblée nationale, en juin 2017, il avait éludé, lorsque JA l’a contacté, les questions portant sur la relation bilatérale. Mais il dit aujourd’hui « vouloir donner une place au génocide des Tutsi dans la mémoire collective française ». « Hervé Berville a souhaité me rencontrer avant de se rendre au Rwanda. La rencontre s’est très bien passée. Il est porteur d’un message du président Macron qu’il compte remettre au président Kagame », indique l’ambassadeur du Rwanda à Paris, Jacques Kabale. Avant son départ, le jeune député s’est également entretenu avec l’ancienne ministre des Affaires étrangères rwandaise et actuelle secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) Louise Mushikiwabo.

Bien s’informer, mieux décider

Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles

Image
Découvrez nos abonnements
la suite après cette publicité

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires