Guinée : l’opposition décide finalement de siéger à l’Assemblée

L’opposition guinéenne a finalement décidé de siéger lors de la session ordinaire de l’Assemblée nationale, qui s’ouvre ce vendredi, après avoir longtemps tergiversé. Elle remettait en cause la légitimité de la prorogation du mandat des députés par décret présidentiel.

Cellou Dalein Diallo à son domicile de Conakry, en 2016. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Cellou Dalein Diallo à son domicile de Conakry, en 2016. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

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Publié le 4 avril 2019 Lecture : 3 minutes.

L’opposition aura entretenu le suspens jusqu’au bout, avant de trancher. Fallait-il ou non siéger dans un Parlement dont le mandat, théoriquement terminé depuis le 13 janvier dernier, a été prorogé par un décret présidentiel ? Après moult tergiversations et débats internes, la réponse est finalement : oui.

L’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo, principal parti d’opposition, a rendu sa position publique ce jeudi, au terme d’une réunion de son bureau politique. La direction nationale de l’UFDG « décide que ses députés continueront de siéger à l’Assemblée nationale jusqu’à nouvel ordre », a déclaré ce jeudi Nadia Nahman, porte-parole de Cellou Dalein Diallo.

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Longues discussions

Siéger, donc, mais seulement « jusqu’à nouvel ordre ». Une précision qui, tout en laissant planer le doute sur une éventuelle décision ultérieure de quitter les bancs de l’Assemblée, laisse également transparaître les tiraillements lors des débats internes.

L’opposition avait en effet initialement prévu de se prononcer à l’issue d’une « retraite » à Kindia. Annoncée pour le 16 février, elle avait finalement été repoussée au 27 mars. Seuls les membres de l’Opposition républicaine, un collectif de partis formés autour de Cellou Dalein Diallo, étaient représentés à cette réunion, interdite d’accès à la presse. Les discussions n’avaient, là encore, pas permis de trancher.

Sidya Touré a été mis en minorité par les députés de son propre parti

Les députés de l’Union des forces républicaines (UFR), l’autre force d’opposition, ont également décidé de siéger. Une décision qui va à l’encontre de la consigne donnée par Sidya Touré, qui se retrouve seul contre tous au sein du parti qu’il dirige.

« À titre personnel, en tant que militant et ancien député, je ne suis pas pour que l’on siège. J’y suis farouchement opposé. Mais ce n’est pas l’avis le plus partagé au sein du parti », a déclaré à Jeune Afrique celui qui, en 2016, a renoncé à ses fonctions parlementaires lors de sa nomination au poste de Haut représentant d’Alpha Condé, au lendemain de la présidentielle.

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Mis en minorité par les députés de son propre parti, Sidya Touré a perdu face à deux arguments avancés par ceux qui refusaient son appel à la politique de la chaise vide. « La première raison est de faire barrage à la volonté de changer la Constitution, si cela est avérée. Le projet passerait forcément par une institution comme l’Assemblée nationale avant d’être soumis au référendum. Un débat est donc possible », explique le député UFR Saïkou Yaya Barry.

« L’autre raison, porte sur la nécessité pour l’opposition de participer au débat sur la révision du code électoral, qui ne va pas dans le bon sens et contre laquelle l’UFR s’était élevée », précise Saïkou Yaya Barry, qui pointe notamment ses inquiétudes quant au mode de désignation des chefs des quartiers et à l’absence d’appel possible sur les décisions des tribunaux en matière de contentieux électoral au niveau communal.

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Code électoral, code civil et financements des partis politiques

Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire du RPG arc-en-ciel (mouvance présidentielle), a confirmé que la révision du Code électoral était effectivement inscrite à l’ordre du jour de la session parlementaire.

« L’objectif de son amendement est de tenir compte de certaines des 70 recommandations de l’audit du fichier électoral, en prélude à la tenue des prochaines législatives », explique-t-il à JA.  « Des modifications qui, parce qu’elles portent sur des lois organiques, nécessitent d’obtenir la majorité des deux tiers au Parlement », précise Amadou Damaro Camaro. Il faut donc obtenir le vote de 76 députés, sur les 114 que compte l’Assemblée. Pour faire passer ce texte, la mouvance présidentielle – Le RPG et ses alliés disposent de 63 députés – aura donc besoin de convaincre au moins une quinzaine de députés de l’opposition.

Autre texte sensible qui sera mis en débat : le nouveau Code civil. Le texte a été renvoyé en seconde lecture au Parlement par Alpha Condé. Adversaire déclaré de la légalisation de la polygamie votée par les députés en première lecture, le président de la République a refusé de signer le décret d’application.

La loi portant statut du chef de file de l’opposition et celle concernant le financement des partis politiques sont également inscrites à l’ordre du jour de la session qui s’ouvre vendredi.

Quid d’une éventuelle révision de la Constitution, dont tout le monde parle en Guinée, excepté Alpha Condé, à qui l’on prête – à tort ou à raison – l’intention de briguer un troisième mandat ? « A part les intentions qu’on prête, je n’ai même pas été alerté sur le fait qu’une nouvelle Constitution serait proposée », affirme Amadou Damaro Camara.

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